Personne ne monte, personne ne descend, on ne voit pas le bout de la ligne, mais je frappe tout de même. Entrez ! Très bien, et maintenant, qu'est-ce que je fais ? C'est une question d'équilibre. On ne part plus ? Demi-tour. Pas (de) photo. Au pas. Comment faire autrement ? Sur un rail ou les traverses, mais pas sur le ballast, en aucun cas. Comment faire ailleurs ? Le chemin. Où, quand, comment ? C'est trop. Top. Top. Et le chat, c'est une colle ? (article du 12 août 2007)


Rien n'est jamais joué. Combien de fois l'ai-je écrit dans mes billets ? Avec en exergue la phrase de Cocteau qui sous-titre ma carte de visite, "le matin ne pas se raser les antennes", ou bien celle de Stravinsky citée par J.C., "trouver une place fraîche sur l'oreiller", que je pratique stricto sensu... Les moments où l'on ne sait pas où l'on va sont plus sûrs que les lignes toutes tracées, mais moins excitantes que les amorces. [Quel pistolet !]
Il en va de même avec les amis et les amours. On marche ensemble un bout de chemin, main dans la main, mais il arrive parfois que les choix divergent. Il peut être sage de se séparer sans pour autant renier le trajet parcouru, les paysages découverts ensemble, les émotions un temps partagées. À terme, l'immuabilité des habitudes exige la fuite. Il arrive aussi que deux parallèles se rencontrent à l'infini ; naît un nouvel ami, insoupçonné la veille. C'est ce que, décidément, les rails m'inspirent. Des routes parallèles. [...]
Chaque année je perds un(e) ami(e). C'est le drame. Je le vis mal. J'aurais tout tenté. Sans succès. Je suis triste, mais je me fais une raison. On n'a aucune influence sur qui que ce soit. Chacun reprend ses billes. Nous ne sommes plus les mêmes. Ou au contraire, la peur de la nouveauté nous empêche de bifurquer. L'un des deux doit prendre la tangente. Pas le choix. Question de vie ou de mort parfois. Mais les souvenirs restent, les meilleurs, à condition qu'il n'y ait pas eu crime. Le reste sombre dans l'oubli, à tort ou à raison. L'inconscient fait ses choix, son petit marché de dupe.
Chaque année je gagne un(e) ami(e). L'équilibre est maintenu. "Une de perdue, dix de retrouvées", me serinait ma maman. C'est faux, même si c'était gentil de l'exprimer ainsi. L'équation donne du "un pour un". Le compte ne dépasse jamais les doigts de la main. Certain(e)s sont loin, mais ils ou elles ne cessent d'exister. J'imagine leur regard posé sur moi. Ils me dictent ma conduite. Je les aime, je crois qu'ils m'aiment. On verra. J'en cherche de nouveaux. Je ne m'endors pas. Les alliances sont mon essence. (article du 8 juillet 2008)