70 Cuisine - décembre 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 31 décembre 2008

Couteaux à croquer


La cuve à mazout est pleine à ras bord, il reste deux stères de bois dans le jardin, sels aux algues et essences relaxantes sont alignés sur le bord de la baignoire, la couette recouvre le futon, le feu crépite dans l'âtre, tout va bien. Avec ce froid humide qui transforme le macadam en patinoire je n'avais nullement envie de bouger dans les prochains jours, je suis donc sorti faire des courses à Belleville, accumulant les provisions de bouche comme un écureuil fou. En cette saison mes soupes asiatiques sont tout indiquées, encore faut-il que j'ai toutes mes bases, d'où mon escapade à Chinatown. À côté du canard fumé, des tripes laquées, des pattes de poulet en vinaigrette et des légumes extravagants que j'ai encore découverts hier matin, j'ai trouvé des couteaux à environ sept euros le kilo, plutôt rares sur les étals de nos marchés. Il y avait si longtemps que nous n'en avions mangés que nous nous sommes faits une ventrée de ces mollusques crus à l'exquis petit goût de noisette. Comme il se contracte et remue comme un serpent, l'animal doit en rebuter plus d'un, avec son pied qui dépasse du coquillage, ressemblant selon son désir à un long clitoris ou un petit pénis ! On attribue aux huîtres certaines propriétés aphrodisiaques, en est-il de même avec la chair des couteaux ?... 8o))

dimanche 7 décembre 2008

Du véritable sirop d'érable


Comment se fait-il que l'on ne trouve en France que du sirop d'érable insipide où le sucre camoufle le parfum envoûtant des arbres ? Il semble pratiquement impossible d'acheter le nectar sous son conditionnement original, que ce soit en boîte de conserve, le plus courant, ou en bidon de métal, comme sur la photo. Méfions-nous donc des produits destinés à l'exportation vendus en bouteilles dans les supermarchés. Je réfléchis en dégustant les yeux fermés mon yaourt maison (recette à venir) recouvert du liquide ambré que m'a rapporté Adelaide. C'est la requête que je réitère à quiconque revient du Québec. Qu'il soit clair ou foncé je me damnerais pour cette eau magique. Car le sirop d'érable ne provient pas de la sève, mais de l'eau qui remonte des racines par dessous l'écorce.
À mon dernier voyage, Marie-Ève m'avait conduit dans la forêt jusqu'à une cabane à sucre pour goûter la tire à la fin de l'hiver. Auparavant nous nous étions un peu coupé l'appétit avec le repas traditionnel, omelette, jambon, pommes de terre, fèves au lard, grillades de lard dites oreilles de crisse, le tout arrosé de sirop d'érable. La fête se terminait par une dégustation de tire, sirop que les acériculteurs font chauffer à 113,5° avant de l'étirer sur la neige pour qu'il se fige. On s'en fait soi-même des sucettes en l'enroulant sur de petites spatules en bois. Sublime !