Défi insensé, l'amateur de piment ne semble pas avoir de limite. Les cuisiniers botanistes tentent de le détromper, mais les parfums exhalés par ce renforçateur de goût excitent le palais, les lèvres et bien d'autres muqueuses. Il faut savoir être patient. Sacha m'a offert un petit sachet de Naga Jolokia indien trouvé à L'épicerie de Bruno sur lequel est imprimé en rouge "Très fort, manier avec précaution, utiliser des gants, pas de contact avec les yeux ou la muqueuse. Ne pas laisser à portée des enfants." Tandis que je recopie ce qui est écrit en noir, les effluves me chatouillent le nez : "Le piment le plus fort du monde... Quatre fois plus fort qu'un piment Habanero ! Pour réveiller n'importe quelle sauce (il suffit de tremper un piment...). Ne pas manger sauf consommateur de piment fort aguerri..." Mais déjà le Naga Viper l'a détrôné avec 1 359 000 unités Scoville, ce qui signifie qu’il faut le diluer dans 1 359 000 fois son volume d’eau sucrée pour ne plus ressentir le piquant. À titre indicatif, un Japaleño mexicain est coté maximum 5 000 unités, un Cayenne 50 000, un Habanero (ce sont les lampions que l'on trouve chez les Antillais ou les Chinois) maximum 300 000.
Je dois être blindé. Mon armoire à épices doit en recéler une trentaine de variétés différentes, en poudre, en sauce ou tels quels. J'avais croqué un petit bout de Naga Jolokia sans séquelle, mais quelques copeaux dans la soupe ont révélé sa puissance explosive. Ouiiiiii, il faut savoir être patient. Comme lors de cette soirée au Tempo Doeloe, réputé comme le meilleur indonésien d'Amsterdam, où l'avant-dernier des vingt-cinq plats de notre Rijsttafel Istemewa, du plus doux au plus épicé, avait semblé sévère, quand le dernier fut fatal, nous donnant envie d'être téléportés illico de l'autre côté de la vitre, dans le vent glacial qui soufflait dehors.
Aimer les sensations fortes revient à rechercher les changements de repères. En cas d'excès, on peut tenter la noix de coco râpée, le quartier d'orange, ou truc appris en Guadeloupe, se frotter les lèvres avec ses cheveux. Pour les chauves, faites-vous en d'avoir raté la nouvelle pièce de Jacques Rebotier qui se joue jusqu'au 12 février aux Amandiers de Nanterre.


On atteint là les 2 millions d'unités Scoville. Les 3 Parques m'attendent dans le parking est un feu d'artifice(s,) d'intelligence et d'humour, la vie qui file et c'est coton, la crise au tamis de la musique, les mots aux sévices du jeu, le jeu au service démo, derrière les masques c'est nous qui sommes en somme bêtes de somme à roupiller quand le temps file, la télé galonnée en prend pour son grade et nous plein la pomme, les trois formidables comédiennes digressent, zappent et nous vengent de toutes les pièces où l'on s'emmerde et des enfumages de ceux qui nous gouvernent, ça marche comme sur des roulettes, garanti 100% sans naphtaline, les mythes dévorent le réel, on nage dans l'actualité, alors faut y aller d'ici dimanche, après c'est foutu ou faudra suivre ce fil de Minotaure en province...