Nous faisons d'agréables rencontres, seulement d'autres voyageurs. La barrière de la langue nous empêche d'avoir des discussions profondes avec les autochtones. Mon laotien est aussi primitif que leur anglais. Nous évitons soigneusement les Français qui ont presque toujours l'âge de la retraite tandis que les autres (Australiens, Allemands, Hollandais, Américains...) sont en général beaucoup plus jeunes. Nombreux partent pour plusieurs mois dans le sud-est asiatique : Vietnam, Cambodge, Laos, Thaïlande, parfois la Birmanie ou la Chine, jusqu'à l'Inde ou l'Indonésie. Les manières de certains touristes ignorant les coutumes locales nous choquent ou nous révoltent. À Luang Nam Tha, nous croisons plusieurs fois un couple d'Allemands de notre âge, très sympathique, avec qui nous partageons nos choix culinaires et populaires.


Françoise m'entraîne souvent sur les marchés où nous nous refaisons une garde-robe pour trois francs six sous et j'arpente, avec envie et le désespoir de ne pouvoir tout goûter, les allées de nourriture où des femmes proposent la véritable cuisine laotienne ou originaire de la trentaine de tribus qui peuplent les montagnes. Je glane quelques idées pour mes futures soupes et j'essaie d'identifier les herbes que je retrouverai à Belleville ou dans le XIIIème.


Le second jour, nous louons des vélos pour découvrir la campagne, rizières et villages des différentes ethnies, rivières et petits ponts de bambou... Le soir, nous nous couchons vers 21 heures comme tout le monde...


Je prends à la fois peu de notes et de photos. Il faut choisir entre vivre au présent ou récolter des souvenirs. J'essaie de déconnecter d'avec mes "mauvaises" habitudes. Les instants magiques sont fugaces. Mon vieil appareil-photo est trop lent pour les saisir. Le délai d'une seconde ne me permet pas de faire des portraits, je me cantonne aux paysages et aux vues fixes ou figées.


Les maisons sont plus souvent construites sur pilotis pour éviter les animaux et plus certainement les inondations en période de mousson. La période que nous avons choisie est idéale : pratiquement aucun moustique, donc inutile de se faire vacciner, température agréable de la saison sèche, tourisme réduit puisque ce n'est pas une période de vacances scolaires.


Certains paysages me rappellent mon voyage au Vietnam il y a une dizaine d'années. On raconte que ce pays a beaucoup changé, que les touristes y sont considérés comme des portefeuilles sur pattes, tranchant avec l'amabilité des Laotiens.