Françoise aurait rêvé emporter cette peinture sur bois installée dans la rue principale de Luang Nam Tha, devant l'immeuble administratif en construction, mais le peintre n'est pas de la région. L'enquête nous aurait menés à Ventiane où nous aurions dû passer des jours de guichets en bureaux pour connaître l'auteur anonyme de cette scène réaliste. Dans les bazars laotiens, elle cherche des artistes comme celui-ci, mais les tableaux proposés aux touristes sont autant de poulbots ringards et couchers de soleil sur rizières à peine dignes de figurer sur un calendrier des postes. Le business des souvenirs est d'ailleurs étrangement conventionnel ; les mêmes choses sont exposées partout ; il faut être sur le qui-vive pour sentir l'objet unique lorsqu'il passe à portée. Françoise aurait peut-être dû se lancer dans l'import-export ? Lorsque les autres filons auront été exploités, on découvrira probablement les œuvres qu'a produites le réalisme socialiste chinois. Les galeristes mettront la main sur ces artistes singuliers comme ils s'entichèrent du Congolais Chéri Samba aujourd'hui exposé dans les musées d'art moderne du monde entier. Cela nous changerait des vacuités adolescentes que répand régulièrement le Palais de Tokyo. Inculture et arrogance sont devenues les mamelles de la France. Vous pensez que je divague, que je passe du coq à l'âne ? En effet : le président qu'elle s'est choisi répond bien à cette image, même s'il aurait préféré un poster de Mount Rushmore ou la photo d'un beau voilier...