Le plumbago a certes des qualités médicinales, mais Ulysse s'en est collé plein les poils et je ne suis pas certain d'arriver à l'en débarrasser sans les couper ! La faculté des chats à comprendre les limites d'un terrain est étonnante. Il suffit néanmoins qu'il nous suive chez les voisins pour qu'il annexe aussitôt ces nouveaux territoires. Journée calme. J'écris un long article sur la musique, Internet et la qualité des différents supports que me demande Jean Rochard pour le Journal des Allumés du Jazz. Cela me fait plaisir, d'autant que l'association des labels indépendants continue de boycotter mes albums virtuels comme le reste de la presse papier. Depuis que j'ai mis en ligne 63 albums libres en écoute et téléchargement mon audience s'est pourtant considérablement accrue alors que celle de la presse papier décline inexorablement. Cette surdité face à ce "nouveau" support est incroyable...


L'après-midi, nous allons à Marseille visiter l'exposition Prétexte #2 à la Friche Belle de Mai où Nicolas Clauss expose Agora(s). Je reconnais instantanément son travail au bégaiement de ses images, scratch génératif produisant de drôles d'effets lorsque les figures s'envolent. En me promenant au milieu des cinq grands écrans j'ai parfois l'impression de participer à cette longue marche de l'humanité. Le corps de chaque individu semble interrogé par la caméra de Nicolas. Il a filmé ses foules dans une douzaine de lieux très fréquentés de la planète, donnant à l'ensemble de sa fresque une impression d'universalité. Ce travail de fourmi(s) me renvoie au calme de la solitude face à mon écran ou ébloui par la couleur verte du jardin qui m'entoure.
Le soir je m'ennuie terriblement devant Marguerite, le nouveau film de Xavier Giannoli qui avait pourtant si bien réussi À l'origine. Les films réduits à une situation ne sont pas ma tasse de thé. Il ne suffit pas d'avoir de bons acteurs, une débauche de décors et de costumes, une anecdote amusante. J'ai besoin de rebondissements dans le scénario. Comme dans la vie j'aime les surprises, les bonnes surtout. J'anticipe les mauvaises nouvelles pour que celles-là ne me surprennent pas, comme un client qui ne paie pas ce qu'il me doit. Heureusement ici les éléments naturels ont raison du reste. L'horizon oscille entre le mystère et le rappel à l'ordre. Un fort vent d'est secoue les vagues...