La matinée s'est ouverte avec la visite de l'usine chimique Viromet S.A. à Victoria où flotte l'odeur vicieuse distillée par son concurrent américain Purolite située de l'autre côté de la route. Comme je l'ai raconté vendredi l'usine a été divisée à la chute du régime dit communiste. Il n'y a plus que 300 ouvriers sur les 4000 du temps où l'usine fonctionnait à plein régime (c'est le cas de le dire !), mais celle-ci semble à l'arrêt. Un détail m'échappe donc et plusieurs secteurs demeurent interdits. J'attends avec impatience d'arpenter la Section 7 où était fabriquée la nitrocellulose (la poudre), cause de mortalité répétée. Comme toutes les constructions du pays les bâtiments sont un mélange d'architecture stalinienne et d'influence byzantine...


Il y a des tuyaux rouillés un peu partout, des petits, des gros, certains passent sous la route, d'autres la surplombent. Mais partout la nature reprend ses droits et les lianes s'immiscent dans le réseau abandonné. De magnifiques affiches concernant la sécurité ornent les murs des bureaux. Elles sont peintes à la main sur des tableaux de bois. De l'art brut dont je cherche le nom de l'auteur. Peut-être aurons-nous plus de précision lors de la fête de la ville qui commence samedi et pour laquelle nous ferons une performance...


Devant l'usine Viromet qui nous accueille cordialement, j'enregistre des dizaines d'hirondelles dont les cris s'apparentent à de la musique électronique. Dans le fond on entend les machines de Purolite. Le soir ils dégazent, parce que c'est le moment où la ville respire des puanteurs auxquelles d'ailleurs nous commençons à nous habituer...


L'après-midi après chorba de légumes, chorba de tripes, poivrons farcis et escalopes de porc, nous partons nous promener tout près, à Vistea, où le parfum du thym sauvage remplace la pollution de Victoria. Nous nous baignons dans un petit torrent pour nous rafraîchir quand tombe le soir au loin sur les montagnes...