Il est rassurant de constater l'emballement des camarades à qui je montre les reproductions des œuvres d'Edward Kienholz (1927-1994). Depuis l'exposition Les femmes de Kienholz où était présenté In the Infield of Patty Peccavi (ci-dessus), il signe avec sa femme Nancy. Juste reconnaissance du travail de collaboration d'un couple où la femme est restée longtemps dans l'ombre, comme Christo signant dorénavant avec Jeanne-Claude. La rue Robert Delaunay a été rebaptisée Robert et Sonia Delaunay, comme en son temps celle de Pierre et Marie Curie. À son tour, Nancy Kienholz signe aujourd'hui des pièces récentes de leurs deux noms, douze ans après la disparition de Ed.

Dans les mises en scène des Kienholz la transposition critique ne néglige pas la précision historique. Je me souviens avoir ouvert un tiroir du bordel de Roxy's et y avoir trouvé une lettre d'une prostituée à sa mère. On pouvait aussi se servir un Coca au distributeur intégré au Portable War Memorial (ci-dessus). Dans le billet du 5 juin, j'ai raconté comment l'exposition de 1968 avait été pour moi fondatrice. J'y reconnais tout ce qui m'a animé pour construire le Drame, le pamphlet social, la dimension théâtrale, la poésie circonlocutoire, la crédibilisation d'un instant impossible...