Le titre de cet article ne suggère nullement qu'un baiser pourrait transformer cette grenouille en prince charmant. Rien ne me détend plus qu'admirer la nature. La contemplation des animaux me plonge dans un abîme de perplexité et me renvoie à l'animalité de l'homme. Voilà longtemps que j'essaie d'imaginer une vision complexe de l'être humain, quelque théorie qui associerait Freud, Marx et cette troisième composante. Tenter de comprendre l'homme sans évoquer sa nature de mammifère me semble vouer à l'échec. Si le matérialisme historique me semble toujours le meilleur système analytique pour comprendre les grands mouvements de civilisation et si la notion d'inconscient renvoie aux motivations secrètes qui forgent chaque individu dans leur différence, la biologie me séduit par ce que tous les êtres vivants ont de commun, et la génétique fait parfois exploser à notre figure des évidences brutales. Le pourquoi reste toujours aussi énigmatique, mais on commence à effleurer une réalité complexe montrant que nos motivations ne peuvent s'arrêter à un seul système d'analyse. On ne pourra comprendre nos créations, nos crimes et nos suicides en restreignant l'analyse aux phénomènes sociaux (Marx) et à ce qui leur résiste en chaque individu (Freud). S'en contenter, c'est réfléchir comme si l'homme était seul sur Terre. C'est vrai, il agit comme tel. Pourtant, quel vecteur porte donc l'espèce, qui nous rapproche de ce qui nous est le plus étranger, la nature ? De quelles forces sommes-nous les enjeux, voire les véhicules ?
Hier soir, près de la piscine, sur une frite bleue rêvait une rainette arboricole. Les canards ne l'avaient pas encore repérée. Le matin, nous suivions sous l'eau les bancs de girelles, de saupes et d'autres petits poissons très joueurs comme ces minuscules virgules violet électrique. Pas de rapport. C'est dimanche.