Au verso de ma carte de visite, une phrase de Jean Cocteau, "le matin, ne pas se raser les antennes", sous une photo de tournage du Faust de Murnau.
Pas si facile de tourner autour, jour après jour... Le graphisme est d'Étienne Mineur, le choix du papier et de l'encre de Claire Mineur. Mon adresse Internet a changé, mais ça m'ennuie de refaire de nouvelles cartes. Ainsi j'ai conservé toutes mes anciennes adresses mail, et chaque fois que je les relève je suis d'autant plus inondé de spams qu'elles sont nombreuses. Tout ce courrier poubelle qui envahit le Net reste un mystère.

Lorsqu'avec Raymond Sarti et Zeev Gourarier, nous montions l'exposition The Extraordinary Museum, l'organisateur, le journal Chunichi Shimbun, m'avait fait imprimer des cartes avec sur un côté mes coordonnées en français et sur l'autre en japonais. Il est impensable de ne pas avoir de carte de visite au Japon.
Raymond se fait faire les siennes chez un petit imprimeur de Venise qui travaille sur de vieilles presses à main. Sa vitrine est située près de l'embarcadère pour le cimetière de San Michele, sur les Fondamente Nuove. Cela me rappelle le jour où nous étions allés, avec Jean-André, porter des fleurs sur la tombe de Stravinsky de la part de je ne sais plus qui. Â côté de sa tombe, sur celle de Diaghilev qui lui tient compagnie, il y avait un chausson de danse avec un poème... Un soir, place de la Concorde à Paris, l'administrateur des ballets russes avait dit à Cocteau : "Étonne-moi". Ces mots sont souvent attribués à tort à Cocteau lui-même, ou bien supposés avoir été adressés à Nijinsky, en effet présent ce soir de 1917, ou même à Stravinsky. Cocteau, qui allait présenter Parade avec Satie, Picasso et Massine, avait eu l'idée d'intégrer des sons de sirènes, machines à écrire, aéroplanes, dynamos, coups de feu à la partition, mais il n'en eut pas le temps et seuls quelques bruits subsistèrent.