Profitant d'un moment d'inattention d'un gardien, je photographie l'exposition Dan Flavin au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, réouvert après de longs travaux. Juste revanche après l'accueil toujours aussi désagréable de la caissière et tant il est anormal que les musées de la Ville de Paris n'offrent pas la gratuité aux chômeurs comme le font les nationaux. L'entrée aux expositions temporaires est prohibitive, alors que le Musée lui-même, situé au sous-sol, est gratuit pour tous les visiteurs sans exception. Il y a probablement une logique qui m'échappe...
Dan Flavin est l'un des fondateurs de l'art minimal américain. Son œuvre est essentiellement constituée d'installations composées de tubes fluorescents. La grille d'angle intitulée sans titre (in honor of harold Joachim) est faite de six tubes verticaux de lumière froide bleus et verts tournés vers le mur et de six tubes horizontaux aux couleurs chaudes, roses et jaunes, diffusant vers l'avant. La dimension généreuse du parcours, salle après salle, profite à cette rétrospective. Je ne pense pas pouvoir être touché par les pièces individuellement, mais l'ensemble est agréable et reposant. Cela n'empêche pas tous les gardiens de porter des lunettes noires pour se protéger de la lumière agressive des tubes. Pourtant, il est envoûtant de se promener parmi les couleurs, de se laisser porter...
Je préfère évidemment le travail beaucoup plus magique de James Turrell qui sculptera à son tour la lumière, mais je n'ai pas eu la chance de voir grand chose depuis sa vertigineuse rétrospective au Musée des Arts Appliqués de Vienne en Autriche il y a huit ans. Chez Turrell, on ne sait pas d'où vient la lumière, c'est une énigme. Ce mystère produit en nous un flottement, particulièrement lorsqu'il joue des effets de rémanence comme dans Wide Out ou qu'il nous plonge dans l'obscurité.
Pour Dan Flavin, tout est simple, le matériau comme sa disposition. Sur l'un des murs de l'exposition, est recopiée une citation de l'artiste où il affirme qu'il préfère réfléchir que travailler. L'être et le néon sont pourtant ici intimement liés.