Mes images pourraient-elles devenir une échappatoire au diabolique billet quotidien ? Mais, dans cette perspective, il faudrait probablement que je sois un peu moins casanier. Il ne suffit pas de se regarder dans la glace. Bouger. Changer d'angle. Je vais devoir réapprendre des gestes simples. J'ai longtemps rêvé d'un mode d'expression qui me permette de voyager. De voyager léger. Prendre l'air.
Je me photographie seulement pour me voir sans lunettes. Sur le moment, tout était flou, pire, absent. Je devine à peine l'appareil que je tiens à la main. Il faut viser l'à peu près. La presbytie est la marque irrémédiable du temps. De loin, tout est clair. Je prends du recul.
Il y a quatre ans en Arles, comme je mettais en musique le montage réalisé par Olivier Koechlin pour la projection dans le Théâtre Antique, j'avais été épaté par le courage des photographes qui se relayaient sur le site de Patrick Morelli, La lune et les étoiles, à raison d'un par an, mais d'une photographie mise en ligne chaque jour. Y ont participé Marie Paule Nègre, Alain Longuet, Arnaud Baumann, Xavier Lambours, Pascal Dolémieux, Aude Sirvain, Andréa Taos, Stéphanie Tetu, et ça continue avec Philippe Salaün. Ce Crépuscule des jours, blog commencé dès 1999, est accompagné de textes de Patrick Morelli, Andréa Taos et Philippe Pujas. Belle leçon de rêve et de ténacité !