Ce matin, j'ai du mal à me concentrer. Je suis probablement déjà parti. Ne pas avoir de gros boulot à rendre m'explose façon puzzle. Les phases de travail et d'inactivité ne sont plus délimitées. On s'arrête seulement pour entamer un nouveau truc. D'un côté on boucle les affaires en suspens, de l'autre on appâte le poisson, lançant des lignes à tours de bras, dans toutes les directions. C'est une technique, laisser flotter le bouchon en attendant que ça morde. Il faut beaucoup de canes. Ça tombe bien, la forêt de bambous s'épaissit chaque année dans le jardin. Je donne le feuillage à manger aux cochons d'Inde de Caro et Loulou, et j'épluche les tiges. Dans une journée, les urgences ne manquent pas de se déclarer. Y répondre au fur et à mesure pour ne pas laisser les piles s'accumuler. Il faut plus de méthode que de patience. Jamais de repos. Mauvaise conscience de s'arrêter avant d'avoir ramené un gros poisson dans ses filets.
Je termine les sons d'un nouveau jeu pour le site des P'tits Repères, cette fois un morpion. À cause de mon départ, je dois imaginer l'action et fabriquer le son en amont. Cela donnera des effets différents puisque Mika est obligé de coller ses animations sur mes bruits, mais Sonia (surletoit) prépare toujours le travail de telle manière que c'est du nanan. Quel plaisir de péter, roter, éternuer, tousser dans le micro ! À la fin de la prise, je n'ai plus de voix.
Avec Antoine, nous ajustons le nouveau troisième mouvement de Nabaz'mob, l'opéra des lapins que nous présentons la semaine prochaine à New York, au Wired NextFest. Même collaboration facile. Quel plaisir de bosser avec des personnes responsables qui mettent leur c?ur à l'ouvrage !
Dernières touches au Journal n°17 des Allumés du Jazz. Terminé plusieurs articles, les dessins de Vercors, la rubrique DVD, l'entretien avec Claude Barthélémy, un encart sur Route One / USA pour le Cours du Temps avec Barre Phillips, rendez-vous fin octobre avec Le Querrec qui s'envole pour le Festival Minneapolis-sur-Seine organisé par Jean Rochard et Sara Rennke, etc.
Dernières touches au CD d'inédits du Drame qui accompagnera le n°3 de la revue acoustellaire Sextant dont je partage l'affiche avec le violoncelliste Vincent Courtois. Là aussi, beau travail d'amateurs bien plus pros que les pros. Des heures et des heures d'entretiens. Bernard, Nicolas, Antoine sont de la partie. Curieux de voir le résultat. Pour l'écoute, le CD sera en libre téléchargement sur le site de la revue. Alléchant. Un trio de 1983 avec Francis, deux chansons avec Elsa lorsqu'elle avait six et neuf ans, un live au Glaz'art en 1998 avec une ribambelle d'invités, un duo électro de l'année suivante avec Bernard et une musique de film...
J'essaye de joindre Michel depuis que j'ai reçu l'autorisation de Flammarion de produire le CD de notre duo. Réunir les photos pour le livret. Ce serait bien de lui donner la forme d'un livre pour le diffuser en librairies.
Je pourrais énumérer tout ce qu'il reste à faire sans ne jamais m'arrêter. Pourtant j'ai l'impression d'être dés?uvré. La trésorerie est maîtresse. L'inquiétude de l'avenir. Mieux vaut en effet penser à la semaine prochaine. Les voyages forment la jeunesse. Retour à la photo.
La Liberté est une statue. Encore moins cernable qu'un fantôme. Depuis le 11 septembre, les hélicoptères tournent autour comme de grosses mouches vertes. On dirait Alcatraz, ou Guantanamo. Les indigènes ont besoin du soutien extérieur. On se sent des airs de Lafayette quand ce n'est que l'expression de la faillite. Celui qui fit détruire la Bastille déclara "l'insurrection est le plus sain des devoirs, lorsque l'oppression et la servitude rendent une révolution nécessaire."