111 8th Avenue. Julien nous invite à déjeuner dans les bureaux de Google. Photo à l'entrée du building sur présentation de sa pièce d'identité comme à Radio France. On se déplace en trottinette dans les longs couloirs. Un espace de jeu est aménagé, ping-pong, billard, baby-foot, guitares électriques, jeux vidéo, siège de relaxation, etc. Cela ne vaut pas un rendez-vous avec le masseur maison, mais c'est certainement très agréable. Sur le chemin vers le "restaurant d'entreprise", on croise quatre ou cinq grandes cafétérias, bonbons et fruits secs ad lib. Tout est gratuit et le choix est formidable, sushis, cuisine exotique, plats nationaux, végétariens... La déco est simple et colorée. Tout semble parfaitement étudié, dans le meilleur des mondes. C'est calqué sur l'ambiance de la Silicone Valley et le tout respire un parfum nordique où tout est prévu pour vous mettre à l'aise. Ikéa n'est pas loin. Les horaires ne sont pas surveillés, seuls comptent les résultats. Julien travaille au ranking, l'ordre d'apparition des réponses, une sorte de pages jaunes sur New York. Les espaces de travail étant en open space, des cabines téléphoniques, très cosy, sont aménagées. La presse parle de rachat par Google de MySpace ou YouTube, mais ici secret absolu. Les salariés peuvent acheter des actions à des prix imbattables et les revendre aussitôt au cours du marché. Ils emploient l'expression "nous" pour parler de leur employeur.


Nous prenons un thé avec Laure qui est en repérages pour un film sur les rapports de l'économie et de la politique américaines qu'elle doit réaliser pour Arte. Elle découvre l'endettement des ménages sur le modèle de celui du pays. Son film s'annonce passionnant.
Le soir, nous assistons au septième et au huitième épisodes de la saison 2 de Weeds. Les dialogues et le scénario sont formidablement provocants, mais c'est tout de même filmé comme un soap. Le rappeur Snoop Dog est l'invité de la première scène. Cela se passe chez un ami avocat de Cindy qui possède un appartement avec une vue magnifique sur le sud de Manhattan. Réalité ou fiction ? Avec le zoom de mon Nikon, j'essaie de faire un nouveau remake de Rear Window, mais je ne veux pas mettre trop de photos sur mon blog, alors je zappe. Plateau de fromages comme je ne croyais pas que ce soit possible par ici.


Nous rentrons en passant par Times Square où nous prenons le métro pour Brooklyn. Un rat mort gît sur les rails. Les trains n'empruntent pas toujours l'itinéraire prévu. Rentré à la maison, je discute longtemps avec un jeune portugais, passionné par son travail, en stage au Per Se, un trois étoiles situé dans l'immeuble Time Warner. Il n'est pas payé, mais l'addition oscille entre 500 et 600 dollars par personne ! Je crois rêver. Autant aller se coucher. Les lumières de la ville restent imprimées sur ma rétine tandis que je ferme les yeux... Je repense à la cigarette automatique qui a disparu de Times Square. Les écrans géants qui ont remplacé les néons n'ont pas le même charme. C'est comme les trucages en images de synthèse des films d'aujourd'hui qui n'atteindront jamais la poésie des bricolages d'antan. Au-dessus de ma tête, la bannière étoilée, le Nasdaq et une enseigne de police, toute l'Amérique de George Bush, il ne manque qu'un crucifix ! Je referme mon Power Book comme on reposait sa plume d'oie. Fondu au noir. Très noir.