La photo date de Noël dernier, mais le dîner est d'hier soir. Les histoires de famille ne sont jamais simples. Il est parfois plus difficile d'être fils que d'être père. Hier soir, ma tante Arlette assistait avec réserve et une saine dose d'humour à l'engueulade entre ma mère et moi. Elsa demande à sa grand-mère pourquoi elle est si agressive envers moi, pourquoi elle ne veut pas comprendre qui je suis devenu. Fait-elle semblant de ne pas saisir mes choix et mes espérances ? J'étais fier et rassuré que ma fille pose les vraies questions, je me suis dit qu'elle s'en sortirait bien sans nous, un jour. J'étais plus triste pour ma mère que son intolérance rend malheureuse. Françoise a raccompagné les deux sœurs, je suis resté discuter avec Elsa. Avant de partir, maman m'a pris dans ses bras et m'a embrassé. C'est un geste rare chez elle, je sais bien qu'elle nous aime, mais j'ignore ce qu'elle aura fui toute sa vie et qui l'a tant fait souffrir. Elle m'appellera certainement demain pour regretter de s'être emportée. Elsa dit qu'avec une histoire pareille, je devrais faire une analyse. Elle est sympa, elle me fait rigoler. Être un artiste dans une famille, ça fait tâche.