Je ne mets jamais d'annonce de spectacle sur le site, sauf lorsque j'y vais. Ce soir jeudi à 21h au squat du Comète 347, 45 rue du Fbg du Temple à Paris (M° République ou Goncourt, 5€), Franck Vigroux présentera Lilas Triste, concert-récit avec Franck Vigroux (électronique), Hélène Breschand (harpe), Marc Ducret (guitare, voix) et Fabrice Andrivon (voix). Ne vous attendez pas à retrouver la musique du disque paru chez D'autres Cordes, Franck s'ennuierait, il a tout réécrit.

P.S. : dans le grand atelier désaffecté, les musiciens jouent dans une fosse surplombée de gradins très escarpés. Sur les marches transformées en bancs, s'étagent les amis venus écouter Lilas Triste. François Corneloup, Philippe Nahon, Benoît Delbecq, Paul Brousseau... forment l'orchestre muet des spectateurs. Igor Juget photographie la scène. Vigroux y fait tourner les disques à l'envers comme Varèse cinquante ans plus tôt. Le vinyle rend son jus. Il fabrique ses paysages sonores en mélangeant les sons analogiques des années 70 avec les ressources d'échantillonnage et de filtrage d'aujourd'hui. Voyage dans le passé à bord d'une machine rafistolée qui bringuebale, mais tient le cap. Ducret fait parler sa guitare, les phrases s'articulent, vives, nerveuses. Il murmure. Il déchire. Comme Breschand qui fait couiner et résonner sa harpe. Ses doigts virtuoses l'attaquent en corps à corps, toujours. Le comédien reste le garant de la trame dramatique du disque. La nouvelle version de Lilas Triste est toujours aussi grave, aussi sombre. De rares éclairs illuminent l'obscurité. C'est la guerre, les tranchées. Sur scène, dans la fosse, l'orchestre est solidaire.