Il n'y a plus beaucoup de feuilles. Nos semelles ne crispent plus comme des gaufrettes. Il n'y a presque plus de vent. Mon vélo ne fait plus d'embardée comme s'il était conduit par un ivrogne. Il ne pleut pas. Nous sortons sans rentrer la tête entre les épaules. Il ne fait pas encore trop froid. Cela tombe bien, le chauffage de la voiture est définitivement tombé en panne. Françoise envisage d'embarquer une couverture. Nous ne pensons pas remplacer la vieille Espace lorsqu'elle aura rendu l'âme. Acquisition, assurance, essence, parking, contravention, pannes, garage... L'addition est sévère. Il est moins cher de prendre des taxis tous les jours que de posséder sa propre automobile. Il suffit de louer un camion pour les déménagements, une décapotable pour l'été, un minibus quand on est nombreux, une petite pour les sauts de puce... On se fait livrer les courses par Internet ou l'on ne sort plus de chez soi. C'est au choix. Le froid, la pluie, le vent ont bon dos. Le froid nettoie la nature, la pluie irrigue les sols, le vent casse les figures compassées. L'hiver bégaie, il vient frileusement sur la pointe des pieds. J'écrabouille tout de même quelques fruits rouges tombés de l'églantier, qui collent sous les miens. Nous avons ressorti gants et bonnets, mais ce n'est pas pratique pour écrire. Il est trop tard. Je vais me coucher. La couette est une belle invention. Par ici, il aura fallu attendre les années quatre-vingt pour ne plus rien avoir à border et deux heures du matin pour que je me décide à rejoindre Morphée.