Comment se fait-il que l'on ne trouve en France que du sirop d'érable insipide où le sucre camoufle le parfum envoûtant des arbres ? Il semble pratiquement impossible d'acheter le nectar sous son conditionnement original, que ce soit en boîte de conserve, le plus courant, ou en bidon de métal, comme sur la photo. Méfions-nous donc des produits destinés à l'exportation vendus en bouteilles dans les supermarchés. Je réfléchis en dégustant les yeux fermés mon yaourt maison (recette à venir) recouvert du liquide ambré que m'a rapporté Adelaide. C'est la requête que je réitère à quiconque revient du Québec. Qu'il soit clair ou foncé je me damnerais pour cette eau magique. Car le sirop d'érable ne provient pas de la sève, mais de l'eau qui remonte des racines par dessous l'écorce.
À mon dernier voyage, Marie-Ève m'avait conduit dans la forêt jusqu'à une cabane à sucre pour goûter la tire à la fin de l'hiver. Auparavant nous nous étions un peu coupé l'appétit avec le repas traditionnel, omelette, jambon, pommes de terre, fèves au lard, grillades de lard dites oreilles de crisse, le tout arrosé de sirop d'érable. La fête se terminait par une dégustation de tire, sirop que les acériculteurs font chauffer à 113,5° avant de l'étirer sur la neige pour qu'il se fige. On s'en fait soi-même des sucettes en l'enroulant sur de petites spatules en bois. Sublime !