Une amie m'a conté plusieurs démêlés qu'elle a eus avec de prétendus "contributeurs" de l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Si chacun peut y écrire n'importe quoi sur n'importe qui, d'autres s'improvisent police du Net en prétextant rechercher la vérité. Le problème, c'est que les premiers doivent prouver leurs dires aux seconds qui ne s'embarrassent pas plus pour écrire n'importe quoi. L'anonymat des uns ou des autres n'arrange rien à l'affaire. Peut-être est-ce là que le bât blesse ! Si chacun devait assumer ses écrits l'encyclopédie ne serait-elle pas plus rigoureuse ? Pour autant cela ne résoudrait en rien la qualité des articles ni les tendances flicardes d'une partie de la population.
Les artistes ont toujours eu maille à partir avec de nombreux journalistes qui bâclent leur travail et donnent des notes comme à l'école. Je me suis souvent dit que si je faisais mon boulot de compositeur de la manière qu'il était chroniqué je n'aurais pas fait de vieux os dans la profession. Il existe heureusement des plumes scrupuleuses et talentueuses, mais ce n'est hélas pas monnaie courante. Les soupçons que font peser les flics de Wikipédia sont souvent insultants pour les contributeurs zélés qui se sont donnés du mal pour rédiger bénévolement tel ou tel article. Les auteurs qui planchent sur leurs sujets de prédilection laissent transparaître leur étonnante érudition ou leur manque cruel. J'ai été ainsi estomaqué par celui sur Jean Cocteau qui ressemble plus à Gala ou Paris Match qu'à La Quinzaine Littéraire. Mais les "discussions", que mon amie m'a fait lire, entre certains auteurs d'articles et les analphabètes qui prétendent les corriger dépassent mon entendement. S'en dégage une nauséeuse impression délatrice et diffamatoire digne de la pire milice. Lorsque de telles vocations se révèlent j'en ai froid dans le dos.
Internet n'est pas différent des autres espaces d'information, à la fois incontrôlable et en but à toutes les manipulations. L'Encyclopedia Universalis n'est pas plus fiable, passionnante quand on ignore tout d'un sujet, effroyablement tendancieuse et erronée lorsqu'on le connaît, jetant fatalement un discrédit sur l'ensemble. Ce n'est pas cela qui me choque, on apprend à se faire sa petite idée, mais le médium révèle les pulsions cachées des anonymes, s'étendant comme une pieuvre à tous les éléments de notre vie, multipliant les faux "amis", nous offrant en pâture aux annonceurs... Pour rester dans les allégories animales et cannibales, constitutives du www, le World Wide Web, l'araignée a tissé sa Toile, aujourd'hui les proies s'y engluent comme de pauvres insectes.
J'ai beau trouvé pratiques les résumés biographiques, je me rends compte que laisser le monopole de l'information, ici comme ailleurs, à une entreprise qui au départ semblait utopique et collectiviste peut s'avérer dangereuse et pernicieuse. Cela me demandera un peu plus de travail, mais je renverrai désormais mes liens en priorité vers des sites persos plutôt que vers Wikipédia, comme je le faisais d'ailleurs au début de ce blog...