J'anticipe de quelques heures, prenant le risque d'une panne, d'un météorite, d'une rencontre fortuite ou d'une reconduite à la frontière. Prenez-le comme un vœu. I know where I'm going! Il est des impatiences qui précipitent les évènements comme des rêves prémonitoires forcent le destin. Le journal lumineux d'Antoine, Time Slip (désormais accessible en français), tel le film de René Clair, C'est arrivé demain, me donne le vertige. Si j'arrive mieux à coincer le présent dans sa fugacité, je continue de préférer l'immensité du passé et plus encore l'avenir, aux infinis possibles, son architecture rêvant sa fondation. Les vecteurs ont pour moi plus d'attrait que les lignes. Certains partagent mes interrogations. Pour d'autres, nous y sommes déjà. Le temps de vivre et le temps de lire. Besoin vital de humer le parfum des embruns, d'entendre les galets rouler sous mes pas, de m'enivrer du vent du haut de la falaise... L'aiguille creuse fut d'abord publiée en feuilleton dans le journal Je sais tout. Mais nous faisons seulement semblant, nous espérons. Sinon nous ne partirions jamais.