L'ambiance était sympathique et fraternelle. Les Designers Interactifs avaient organisé leur huitième édition parisienne de Pecha Kucha au Divan du Monde en partenariat avec la revue Étapes. La salle était pleine à craquer. Les douze designers, qu'ils soient d'images ou de sons, tournaient autour de tout ce qui se goûte, des mets gastronomiques sculptés pour le plaisir des sens à un lounge sélect de Macao où les bulles de champagne pétillent sur les murs, parfois plus sévèrement, de la carte Navigo qui fait bip aux matières tactiles, et toutes sortes de kaléidoscopes de formes appliquées tournoyant sur les trois écrans habilement disposés, si ce n'est quelques boules pendues au plafond oblitérant les rectangles tendus... Je dois avouer avoir été particulièrement séduit par les livres interactifs présentés par Étienne Mineur. Livre à déplier et replier, livre réagissant à la température, livre à puces sonores (là vous nous entendez venir sur la pointe des pieds, Sacha et moi !)... Quand le design interactif des nouvelles technologies fait un retour de flamme vers le plus interactif des supports jamais inventés. Tout bonnement génial ! Mais ne rêvez pas trop vite, Étienne présentait des prototypes, juste pour nous mettre l'eau à la bouche. Quant à moi, je présentais FluxTune, déjà évoqué dans cette colonne. Les collègues qui feuilletaient leurs books à la vitesse V des 6 minutes 40 imposées nous faisaient tourner la tête. Je préfère les démonstrations concentrées autour d'un seul projet. Qu'importe le contenu des flacons, la salle était en liesse, fascinée par le feu d'artifices des propositions des douze designers aussi passionnants que variés.


Le Pecha Kucha rassemble essentiellement des jeunes gens de la profession, le design appliqué à tout ce qui se présente. Comment rendre ergonomique notre approche du monde. À défaut de sens, comment lui donner des couleurs ? Justement, en regardant les belles photographies de Rémy Deluze, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur l'uniformité vestimentaire des designers présents sur la scène et, plus encore, dans la salle. Est-ce une manière de ne pas faire peur aux clients que de présenter le noir (le marron, le sombre, le beige, le gris) comme un retrait qui laisse la place d'imaginer ce qui leur convient ? Toujours à la recherche de saveurs prononcées, je faisais tâche au milieu de tout ce noir dont Monet disait que ce n'est pas une couleur.