70 juin 2009 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 30 juin 2009

Drôles d'oiseaux


Si Antoine m'impose avec raison le silence sur notre prochain spectacle, que puis-je raconter de notre journée studieuse qui commença par une visite vétérinaire au Musée des Arts Décoratifs suivie d'une consultation hospitalière chez Violet ? La séance en chaises longues de l'après-midi s'avéra féconde. J'ai toujours adoré ce moment de la création où nous nous laissons aller à la rêverie, sans limite ni tabou, tempête sous nos crânes qui nous laisse exténués, mais gonflés à bloc. Si l'image du Judex de Franju illustrant ce billet est à porter au dossier, elle ouvre tant de possibles que dans le secret elle ne peut qu'indiquer une fausse piste. Ce qui est certain, c'est que cela nous change du lapin.
À ce propos, nous venons d'apprendre que Nabaz'mob sera programmé à la grande soirée d'Ars Electronica le 6 septembre et, pour les lève-tôt, je vous donne rendez-vous ce matin-même en direct après le journal de 8h sur TSF. Heureusement, la rue est en pente jusqu'au Faubourg Saint-Antoine...

lundi 29 juin 2009

À quelle sauce...


Pour honorer mes engagements quotidiens je fais parfois des pieds et des mains. Il ne suffit pas d'écrire chaque jour un article, il faut souvent répondre aux courriels et aux commentaires qui s'y rapportent, et ce sur tout le corpus du blog, sans parler de l'imposante correspondance qui n'y a pas trait et, petit détail de taille, continuer à faire mon travail qui est celui de compositeur ou plus généralement d'artiste, puisque je le fais.
Avant de ranger les courses japonaises que j'ai rapportées de chez Kioko, 46 rue des Petits-Champs dans le 2ème, je saisis mon appareil photo, je pousse le grill pain, et clic-clac merci la gnaque ! Depuis le magasin, j'appelle Sacha qui me rappelle le nom de la sauce de soja au cédrat, c'est le Yuzu (prononcer youzou). J'en profite pour acheter de la pâte et du jus de yuzu, agrume qui se conserve difficilement et pratiquement introuvable frais sous nos tropiques. Je ne dois d'ailleurs pas oublier d'avoir toujours un combava au frigidaire : quelques morceaux d'écorce suffisent à transmuter un plat. Impossible d'échapper à la vinaigrette à la Périlla de Nankin, ces feuilles dentelées, vertes et violacées, dont je raffole fraîches et que l'on appelle aussi Shiso. Quand je pense que j'en ai oublié un paquet entier façon kimchi dans le frigidaire de Séoul (voir billets d'octobre 2006) ça me rend malade ! Pour varier dans les couleurs, je choisis une autre vinaigrette, au sésame cette fois. Comme je suis courageux et que c'est en fin de journée, j'ajoute dans mon sac à dos de la sauce de soja sucrée, des feuilles de piment et de la pâte d'algues nori. C'est sublime en toasts apéritif, dans une omelette ou un œuf à la coque. Benoît achète là son nattō surgelé, mais pour le frais il faut que ce soit ma dernière halte avant de rentrer, ce qui n'était pas le cas, ni même un en-cas. En tout cas, faire provision de sauces est toujours une bonne idée parce que c'est un plaisir qui dure longtemps.

P.S. : erreur de traduction de l'importateur qui se prend les papilles dans les agrumes, Sacha me précise que le yuzu (hybride de mandarine sauvage et de Citrus ichangesis) n'est pas le cédrat (fruit du cédratier, Citrus medica). Le goût de la confiture de cédrat qu'il a rapportée de Corse lui aura mis la puce aux lèvres.

dimanche 28 juin 2009

Si je t'aime, prends garde à toi !


L'Orchestre National de Jazz sous l'égide de Daniel Yvinec inaugurait vendredi soir sa troisième création à l'Opéra Comique en accompagnant en direct le film muet Carmen de Cecil B. DeMille. La composition, confiée aux dix jeunes musiciens de l'ONJ, charge à chacun d'en écrire un chapitre, est étonnamment homogène, riche en couleurs, pleine de contrastes et d'une fougue propice au drame de Mérimée. Pour une fois, le film projeté au-dessus de l'orchestre n'était pas à la hauteur des inventions musicales dont firent preuve les dix compositeurs-interprètes épaulés par les improvisations électroniques de leur invité Benoît Delbecq. Son intérêt historique, il fut tourné en 1915, ne comble pas les faiblesses des scènes qui ne sont pas d'action. De la même époque, Griffith, Christensen, Pastrone, Rye ou Galeen m'épatent beaucoup plus et j'avoue plus d'une fois avoir déserté le film pour savourer la musique en fermant les yeux. C'est à se demander si une version de concert ou sa publication en disque ne profiteraient pas mieux à cette remarquable partition d'une heure. D'autant que les deux arrêts (numériques) sur image ne mettent pas vraiment en valeur les interventions chantées du guitariste Bernardo Sandoval, second invité de la soirée. On comprend ce qui les a motivées chez Yvinec, besoin de pause dans le continuum orchestral et référence hispanique, mais les images figées, fussent-elles au moment d'un baiser, ne sont pas du meilleur effet scénique et le flamenquiste tombe un peu comme un cheveu sur le gaspacho. La musique mériterait donc une écoute plus focalisée, pour pouvoir apprécier l'apport compositionnel de chacun des membres de l'orchestre. Celui d'Antonin-Tri Hoang structure et articule, par exemple, la scène de bagarre, profitant grandement au film, la fin d'Ève Risser avec guitare Barbie lui redonne une modernité, tout comme les effets joués tout le long en direct par Benoît Delbecq. Les clins d'œil effleurés à Ennio Morricone, la qualité de la section rythmique composée du bassiste Sylvain Daniel et du batteur Yoann Serra nous font voyager parmi les mythes qu'engendre le cinématographe mieux que sur la trame dramatique qui inspira Bizet dont l'œuvre fut créée dans cette même salle Favart le 3 mars 1875.
Espérons maintenant que le champagne servi par le directeur du théâtre, Jérôme Deschamps, à l'issue du ciné-concert ne monte pas à la tête des jeunes musiciens zélés qui l'ont déjà bien grosse. Il est toujours étonnant de constater comment les mauvaises habitudes de certaines professions se perpétuent de génération en génération, et l'excellence des plus récentes ne fait rien pour arranger les choses. J'en veux pour témoignage la manière dont l'orchestre soudé reçut ses deux invités lors des répétitions. Dans toute aventure, il n'est pas que l'art qui permette de durer, mais la façon de le vivre, dans le groupe et face aux autres. Nous avons tout à apprendre de la jeunesse, mais tout autant de nos aînés, et les jeunes musiciens devraient bénéficier au Conservatoire de leçons de maintien qui leur fait souvent cruellement défaut. Il ne suffit pas d'aimer les notes, il faut aussi savoir apprécier ceux qui les émettent, avis de professionnel et d'amateur qui n'engage que moi évidemment, hélas trop souvent !

samedi 27 juin 2009

Le fil magnétique


C'est dans le XVème arrondissement. "Descendre" jusque là m'apparaissait probablement une montagne. Me faisant une douce violence, j'enfourche un Velib' jusque la rue de Lourmel. L'engin roule bien, mais la selle est sévère. Il fait beau.
Il m'aura donc fallu un an pour répondre à l'invitation de Hugues Genevois de visiter le LAM (Laboratoire d'Acoustique Musicale ou encore Institut Jean Le Rond d'Alembert). Pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque depuis que le Leipp fait partie de mes bibles. Acoustique et Musique est l'ouvrage de référence pour qui s'intéresse au sujet, une mine d'informations : Données physiques et technologiques, Problèmes de l'audition des sons musicaux, Principes de fonctionnement et signification acoustique des principaux archétypes d'instruments de musique, Les musiques expérimentales, L'acoustique des salles. Depuis sa réédition en 1976, j'y reviens chaque fois qu'une question physique se pose dans mon travail. L'ouvrage, simple et passionnant, se lit comme un livre policier. Je dis cela aussi de L'interprétation des rêves et des Cinq psychanalyses de Freud !


Le laboratoire, fondé par Émile Leipp en 1963, fourmille de physiciens-musiciens qui étudient tous les processus sonores, expérimentent des protocoles bizarres et fabriquent toutes sortes d'instruments acoustiques ou électroniques. Caroline Cance me fait passer des tests amusants et instructifs sur une interface gestuelle avec palette et stylet pour Puce Muse. En sortant, l'un des ingénieurs me montre sa collection d'appareils reproducteurs de son et en particulier un magnétophone à fil en état de marche. C'est l'ancêtre de la bande magnétique. Les premiers ont servi à l'armée, comme d'habitude. J'évoque la bobine qui trône sur une étagère de ma bibliothèque musicale et qui appartenait à mon père. N'ayant même jamais vu de lecteur, j'ignore tout de cet enregistrement. Je l'expose comme le rouleau de piano mécanique signé et numéroté de l'Étude n°7 que j'achetai un soir à Conlon Nancarrow, espérant rencontrer un jour quelqu'un qui possède l'instrument pour le lire. À ma prochaine visite j'apporterai la bobine de fil magnétique en même temps que je leur offrirai la paire de dictaphones Grundig qui appartenait à mon père. Mais il n'existe aucun enregistrement de sa voix plus fidèle que ma mémoire. J'entends son timbre quand il parle posément ou lorsqu'il pleure de rire, à la fois douce et articulée, un peu métallique. Vingt deux ans déjà...

vendredi 26 juin 2009

Usurpation d'identité


Puteaux, RN13, 77 km/h ? Si je ne m'étais pas trouvé en Bretagne et si je n'avais été certain que la voiture dormait bien au garage à cette date, j'aurais payé sans faire attention la contravention pour excès de vitesse que me réclame la Préfecture de Police. Ce n'aurait pas été une première. J'aurais perdu quelques points sur mon permis et je me serais dit qu'un jour peut-être je devrais me passer d'automobile. Heureusement, mon planning me met la puce à l'oreille et j'appelle aussitôt le service compétent qui m'apprend qu'il y a de plus en plus d'usurpations d'immatriculation. Je dois donc aller déposer plainte pour "usurpation d'identité par usage de fausse plaque" auprès du commissariat le plus proche avant d'en envoyer copie en A.R. avec demande de photo.
Cette aventure me rappelle quelques déconvenues dont ont été victimes divers amis. L'un est poursuivi pendant des années pour les dettes d'un homonyme, un autre porte le nom d'un dirigeant du Front Islamique et après intrusion domestique armée décide de changer de patronyme, un troisième subit interrogatoire sur interrogatoire après qu'une voiture avec son numéro d'immatriculation ait participé à un hold-up ! C'est dire qu'il m'est impossible de me dérober à la visite au commissariat.
L'expérience la plus terrible dont je me souvienne est celle d'un ami de mes parents dont on avait volé l'automobile et qui en avait fait état auprès de la police. Le lendemain matin, alors qu'il doit prendre le train pour Bruxelles il retrouve sa voiture devant chez lui. Comme il est pressé, il file directement vers la frontière. Se souvenant que la déclaration de vol n'a pas été supprimée, il a la sagesse de faire un détour par le commissariat de Lille avant de se présenter à la douane. Bien lui en a pris. Les képis lui demandant s'il ne manque rien, il répond qu'il n'y avait rien de valeur. Ils lui suggèrent malgré tout d'ouvrir son coffre et là ils se retrouvent face à un macchabée roulé en boule ! En imaginant le contrôle douanier sur lequel il aurait pu tomber, notre ami photographe faillit se trouver mal. Il n'en fut pas moins inquiété pendant les mois d'enquête qui s'en suivirent.
Quant à moi, sept kilomètres heure au-dessus de la limite autorisée révèlent la supercherie et me feront vivre une visite instructive à un bureau de police, lieu surréaliste s'il en est. Mais ça c'est une autre histoire, définitivement pas la mienne.

jeudi 25 juin 2009

Compositeurs pas sérieux ?


Pierre Bastien et Pascal Comelade auront souffert longtemps d'un ostracisme de leurs pairs que je connais trop bien pour l'avoir subi moi-même. Comment voulez-vous attirer le respect en composant toutes vos œuvres pour des instruments-jouets ou des machines construites avec du Meccano ? C'est comme jouer du synthétiseur dans les années 70 parmi les jazzmen ou de la guimbarde chez les contemporains ! Mais avec le temps et le succès on finit par "respecter la démarche", les détracteurs se disant que si nous vivons de nos musiques de dingues depuis trente-cinq ans c'est qu'il doit bien y avoir quelque chose dedans qui le justifie. Je suis donc très heureux de partager les honneurs de l'exposition Musique en Jouets avec mes camarades, musiciens iconoclastes notoires et inventeurs de mondes enchanteurs qui nous replongent dans le monde de l'enfance et du jeu. Je n'ai eu de cesse de répéter que les musiciens ont ce privilège avec les comédiens de continuer toute leur vie à "jouer". On ne joue pas un tableau ni un roman.
Bastien et Comelade ont mené leurs barques sans se préoccuper des styles ou des chapelles. Voyageant en solitaires, ils ont tracé des chemins que les jeunes musiciens ont suivis quand les bidouillages d'instruments, le tuning, les minimalismes divers et variés ont montré leur museau. De mon côté, la reconnaissance est venue d'autres milieux que celui auquel je croyais appartenir. Les rapports image-son ou l'interactivité m'ont permis de continuer les expérimentations engagées avec Un Drame Musical Instantané. Mon polyinstrumentisme est devenu une qualité là où certains considéraient le qualificatif de touche-à-tout comme péjoratif. Mon blog est à l'image de cet encyclopédisme qui s'exerce jusque dans mes œuvres. J'aime penser que mes outils ne sont pas définitifs. J'en change en fonction des projets, acquérant de nouvelles techniques pour pouvoir les oublier pour créer librement. L'inspiration exige une nouvelle fraîcheur, un retour aux sources de la passion qui nous fit un jour choisir notre art. Nous échappons ainsi aux aigreurs et au cynisme, au calcul et au métier.


En 1994, un soir de gala au Palais des Congrès, tandis que j'attends sans illusion le verdict des Victoires de la Musique, je me retourne sur mon fauteuil d'orchestre et j'aperçois Pascal Comelade assis juste derrière moi. En me reconnaissant son visage renfrogné s'illumine : il n'est plus seul, perdu, déplacé, dans ce traquenard. Ni l'un ni l'autre, pourtant nominés, ne gagneront ce jour-là. Dans la catégorie où je concoure, Crasse-Tignasse et Henri Dès s'effaceront devant Walt Disney !
Quant à Pierre Bastien, c'est une plus longue histoire. À l'été 1976, nous jouons ensemble dans Opération Rhino avec Jac Berrocal pour un concert de soutien à la clinique anti-psychiatrique de Laborde lorsque j'y rencontre Bernard Vitet avec qui je collaborerai jusqu'à aujourd'hui. Comme personne ne souhaite que je joue du synthétiseur assimilé alors exclusivement au rock allemand, Daunik Lazro a la gentillesse de me refiler quelques tuyaux pour améliorer mon jeu de saxophone alto. Bernard, que je connaissais évidemment pour son excellence à la trompette, explose systématiquement et rythmiquement des bouteilles de bière vides, agrandissant sans cesse le vide autour de lui. Lui à jardin, moi à cour, nous nous repérons instantanément. Quelque temps plus tard, au cours d'une mémorable Nuit des Solos au Théâtre Mouffetard, Pierre joue pour la première fois avec une de ses petites machines, celle qui est exposée dans la vitrine de Pascal puisqu'il lui en fit cadeau, et le Drame triche en incarnant un géant joueur d'un saxophone à rallonge qui impressionna beaucoup notre ami alors contrebassiste. Chaque fois que nous nous sommes croisés, à Morlaix ou au Triton, nous avons évoqué notre rencontre et les similitudes étonnantes de nos démarches si différentes. Il faut bien dire que le séjour à Laborde mériterait un billet à lui seul. Le plaisir est chaque fois le même, nous faisant oublier le temps qui passe et la lune qui se lève...

mercredi 24 juin 2009

Les carottes sont cuites


C'est parti pour cinq mois. L'exposition Musique en Jouets au Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli à Paris, est inaugurée aujourd'hui pour ouvrir demain. Notre opéra Nabaz'mob y est exposé aux côtés des instruments de Pascal Comelade, des synthétiseurs d'Eric Schneider et des machines mécaniques de Pierre Bastien. Seuls Pierre et nous faisons du bruit. Certains me reprennent en disant que c'est de la musique, mais pour moi, depuis Varèse, toute organisation de bruits est musique. Autour de ces quatre grandes vitrines sont disposés les objets du Musée, hochets princiers, toupies, moulins à musique, culbutos sonores, livres-disques, etc. On peut d'ailleurs écouter une grande partie de ces jouets musicaux sur une borne interactive et sur le site de la galerie des jouets. Excellente idée qui tranche avec la plupart des musées de la musique où les instruments restent tragiquement muets faute de pouvoir y toucher ! J'ai prêté une demi-douzaine de 45 tours 17cm, chansons pour enfants qui ont bercé mes jeunes années, et le 33 tours 25cm de Pierre et le loup... Sur un cartel on peut lire aussi : Pâte à prout, banane harmonica, ballon couineur : collection Jean-Jacques Birgé. J'en suis très fier, pensez, ma propre pâte à prout, achetée à Londres chez Hamleys, est sous vitrine au Palais du Louvre !
Partageant l'exposition en deux, une troisième salle abrite des ordinateurs sur lesquels sont montrés des films et des jeux de tous les cinq. Antoine y propose ses Nanoensembles, machines hypnotiques techno-minimalistes. Tout près, on peut jouer avec le CD-Rom Alphabet ou la Pâte à Son dont la conception musicale est de mon fait, ou avec l'Electric Toy Museum pour lequel Univers-Sons a repris la collection de Schneider. Tout ce monde de rêve qui nous fait régresser joyeusement jouxte une salle inattendue où sont accrochées des toiles que Dubuffet a léguées au musée privé.


La vitre renvoyant des éclats de lumière malgré l'obscurité de notre théâtre noir m'empêche de photographier aisément les lapins. Je rentre dans la cage pour les prendre de profil. Chaque disposition est différente en fonction des lieux. Chaque représentation aussi. On en jugera d'autant plus facilement que l'opéra de 23 minutes se joue ici en boucle. Antoine a tout automatisé, horaires du musée en fonction des jours d'ouverture. À raison de 47 heures par semaine, c'est près de 2000 fois que les Nabaztag referont leur numéro de lapins savants jusqu'au 8 novembre !
Je me débrouille mal avec mon nouvel appareil, je reprends mon vieux Nikon pour capter la pause des rongeurs, mais leurs profils ne produisent pas les mêmes couleurs que d'habitude. On dirait de la porcelaine. J'ai oublié que c'était le nouveau clapier dont la matière plastique est brillante. Je n'ai que quatre fois deux secondes pour réussir l'effet que je cherche à produire. Si je bouge, je dois attendre le nouveau cycle. La musique m'envahit. Quelques nouvelles images viennent s'ajouter à la galerie du site Nabaz'mob. C'est pratique. Tout y est. Film, photos, émissions de télé et radio, presse écrite ou en ligne, fiche technique...
Antoine et moi avons décidé de passer à autre chose. L'opéra va voyager et nous planchons déjà sur une suite à Machiavel et Nabaz'mob, radicalement différente même si elle en est la continuité logique. Comme ceux qui nous connaissent auraient pu s'en douter, nous avons choisi de ne pas réaliser d'autres œuvres avec les lapins, bien que nous ayons exploité dans ce cadre qu'une toute petite partie des possibilités de Nabaztag. Savoir nos lapins trépigner aux Arts Décos pendant que nous imaginons quelque chose d'encore plus délirant m'excite au plus haut point...

mardi 23 juin 2009

La mélodie du malheur (pour de rire)


Ayant découvert The Hapiness of the Katakuris (Katakuri-ke no kōfuku), traduit en français La mélodie du malheur en référence au film de Robert Wise qu'il pastiche allègrement, je me jette sur la production hétéroclite de Takashi Miike. Le réalisateur japonais change de style d'un film à l'autre, et plus étonnamment à l'intérieur d'un même film, avec beaucoup de talent et un toupet rare, car il ne prépare que rarement le public à ses volte-face époustouflantes. Sacha m'avait bien averti du côté délirant de Miike, mais je ne m'attendais pas à tant d'invention et d'iconoclastie, animation et effets spéciaux à la clé !
La mélodie du malheur est une comédie musicale qui tient à la fois de Buñuel, du film d'horreur et du slapstick. La liberté de ton que le cinéaste se permet est rare dans le cinéma d'aujourd'hui et le mélange des genres n'est pas toujours apprécié de la critique. Plus connu pour ses films de yakuzas (trilogie Dead or Alive) ou gore (Audition), il signe aussi bien des films de science-fiction (Andromedia, Gods Puzzle) que le road-movie (même si la route laisse vite la place à la rivière) The Bird People in China dont le climat réalistico-poétique tranche avec les pétarades du western lamen Sukiyaki Western Django.


Ne manquez surtout pas celui-ci, en salle ou DVD, si vous aimez les films culte et inclassables qui secouent les neurones. Remake du coréen The Quiet Family de Kim Jee-woon, La mélodie du malheur rappelle aussi L'auberge rouge de Claude Autant-Lara, version nippone ! Les 70 films de Miike ne sont pourtant pas tous du même acabit, chacun y trouvant son bonheur selon ses goûts... Et pour les couleurs, Miike s'y entend !

lundi 22 juin 2009

La vie des bêtes


Après l'amas de Bigoudennes et celui de lapins, c'est une invasion de fourmis qui nous a occupés hier dimanche. Je n'ai pas compris pourquoi les plombs avaient sauté, mais après avoir reconnecté le disjoncteur j'ai dû grimper sur un tabouret pour remettre le four et le micro-ondes à l'heure. Et là, que vois-je ? Des centaines de fourmis qui s'agitent dans tous les sens, probablement paniquées par la lumière lorsque j'ouvre les portes du placard. Comme je soulève les ustensiles rangés là parce qu'on ne s'en sert pas souvent, je découvre des milliers d'œufs ou de larves. On dirait qu'ils ont un œil au bout de la queue. Chaque fourmi s'empare d'un cocon pour le déménager aussitôt. C'est la grande débandade. Je commets un massacre pour nettoyer l'étagère. Sur la photo, on sent s'approcher l'ombre menaçante des Doigts. J'ignore si je peux me fier à ce que j'ai appris dans les livres de Werber pendant nos trajets aériens. Je pense aux serres chaudes de Maeterlinck, le père de Pelléas et Mélisande. Le monde s'offre à moi tel une fleur de l'aube et se referme aussitôt en fânerie crépusculaire. Week-end champêtre !

dimanche 21 juin 2009

J'ai coupé un arbre


J'ai coupé un arbre. Cela me rend tout chose. Chaque arbre a son histoire. Le photunia était de la première plante, à la création du jardin il y a dix ans. Ses feuilles persistantes nous protégeaient d'un vis à vis quasi inexistant lorsque l'automne dépouillait l'orme devant le mur du fond. Ses fleurs blanches avaient une drôle d'odeur de sperme pas vraiment agréable. Tombées, elles formaient un tapis brun pénible à balayer. J'appréciais qu'il cache la végétation derrière l'allée de cailloux, entretenant le mystère sur la profondeur de la petite jungle. Les bambous ont eu raison de sa vigueur. Ils l'ont étouffé, épargnant pour l'instant le palmier qui s'est épanoui d'un coup, en quelques secondes, et le bouleau pleureur qui n'a jamais grandi d'un pouce, probablement une greffe, je ne décolère pas. Il faudrait que j'aille acheter quelques fleurs, histoire de varier les couleurs, et des tomates pour l'été s'il n'est pas trop tard. La mort du photunia est une page qui se tourne. Depuis l'endroit d'où je tape le plus souvent mes billets, la vue n'est plus la même. Les fougères n'ont pas bougé, un petit buisson rachitique marque la place où l'arbre avait poussé. Le ciel se réfléchit dans la table en verre avec la cîme des bambous qui oscille dans le vent. Chaque plante occupe sa nouvelle place, ouvrant une perspective inédite. Pourtant je suis triste. Le photunia a disparu.
Je reprends ma lecture et tombe sur un article remarquable de Yildune Lévy dans Le Monde. La fiancée de Tarnac a plus d'instruction que toute la ribambelle de juges qui en ont le nom. Un arbre meurt, le paysage se transforme et une jeune pousse fleurit, semant à tous vents ses paroles de révolte et de tendresse...

samedi 20 juin 2009

Nabaz'mob à Musique en Jouets


Comme on pouvait s'y attendre, faire jouer nos 100 lapins dans un vivarium rectangulaire ne pouvait qu'exagérer les effets de réverbération et de délai qui profitent merveilleusement à la partition de Nabaz'mob. À l'intérieur de la gigantesque boîte hermétique, le son est grandiose. La musique rebondit sur les parois de verre parallèles comme la lumière se réfléchit en multipliant le nombre de sources. Cela conforte notre opinion que, pour les petites salles, rien ne vaudra jamais le son des 100 petits haut-parleurs sans aucune autre amplification. Au Musée des Arts Décoratifs nous n'avons pas ce choix car les vitres sont inamovibles, aussi avons-nous accroché quatre microphones sensibles au plafond et caché quatre enceintes sous la jupe de la vitrine. Le volume sonore est ainsi parfaitement dosable et l'effet quadriphonique redonne sa dimension spatiale à l'œuvre sans que nous en soyons contrariés. Cela nous permet de trouver un équilibre agréable avec Play Meccano Play, l'installation très percussive de l'ami Pierre Bastien dans l'autre salle, on y reviendra. J'ai panoramiqué les quatre voies de façon à ce que les sons s'étalent de cour à jardin en relation directe avec les lapins qui les produisent, prenant soin de régler un peu différemment le timbre des deux couples stéréo afin de privilégier telles ou telles fréquences. Le résultat nous enchante.
Passé la blancheur des rongeurs, l'obscurité fait ressortir les couleurs lumineuses des museaux et des bedons. Les deux banquettes qui ferment le petit théâtre noir invitent les visiteurs à s'assoir devant le castelet pour assister au spectacle de 23 minutes... Camouflés en carotte et bâton, Antoine et moi avons risqué nos vies en entrant dans la cage pour réaliser une série de photographies étonnantes avec le concours de Leslie Veyrat (aide précieuse à plus d'un titre) et d'Olivier Souchard (qui a réalisé les petits films pour le site des Arts Décos), mais nous sommes ressortis aussitôt alors que les Nabaztag y rôtiront jusqu'au 8 novembre !
Dorothée Charles, tout sourire, virevolte au milieu de la Galerie des jouets dont elle est la conservatrice zélée, secondée par Anaïs David et Anne Monier, toutes aussi efficaces que diligentes. Quel plaisir de travailler dans ces conditions ! Un petit salut au passage à toutes les équipes qui nous ont reçus cette année avec le même entrain.
L'inauguration aura lieu le 24 et l'ouverture le lendemain, jeudi prochain...

vendredi 19 juin 2009

Un sandwich bien bourratif


Par beau temps, les marches de l'église sont prises d'assaut par les pique-niqueurs des quartiers d'affaires. La reconversion des lieux de culte m'apparaît chaque fois une excellente idée. Leur désertion les transforme en havre de fraîcheur l'été, mais en attrape-la-mort l'hiver, façon douce de se suicider sans mettre en retard les usagers du métro.
Tandis que l'Église de Scientologie est justement jugée pompe à fric arnaqueuse de gogos en mal de vivre, on peut se poser la question de l'histoire du catholicisme, religion quasi nationale qui ne fut jamais exempte ni de bourrage de crânes ni de dépenses somptueuses au-delà de ce que le luxe ne pourra jamais représenter pour n'importe quel richard de la planète. Expliquez-nous la différence!
Les églises, 40 000 en France, pourraient astucieusement être reconverties en centres d'art, d'hébergement, de relaxation, salles de sport, que sais-je, toutes les propositions seront les bienvenues...
Pour information, ce sont les communes qui sont propriétaires des églises, sauf les cathédrales qui appartiennent à l’Etat. Chaque commune assure le clos et le couvert, voire l’électricité et parfois le chauffage... Contribuables, nous finançons donc tous l'Église comme nous savions déjà le faire pour l'Armée, autre exemple vivement contrariant.
Passant du coq à l'âne, je tiens à rappeler que la France est le troisième fournisseur d'armes de la planète avec 9% des crimes à son actif, il est vrai loin derrière la Russie et les États-Unis.

jeudi 18 juin 2009

L'iPhone en arnaque légale chez Orange


L'iPhone v.3 est arrivé. C'est un 3G super rapide avec vidéo et tutti quanti. J'étais assez naïf pour penser qu'Orange favoriserait ses anciens clients désireux d'acheter le nouveau modèle d'Apple, mais c'était sans compter les petites lignes et avant que ne soient publiées les conditions honteuses de sa commercialisation. 149 euros pour un 16Go certes, à condition de posséder 2400 points, sinon l'iPhone vous coûtera 540 euros ! Les détails : si vous avez déjà changé votre v.1 pour un v.2 et que vous possédez un forfait 2h+2h, vous plafonnez difficilement à 700 points / si vous avez souscrit un nouveau forfait obligatoire 24 mois lors de cette mise à jour, votre abonnement peut courir jusqu'à septembre 2010... Vous avez enfin compris : il est impossible de quitter l'opérateur avant plus d'un an et donc pas moyen d'aller chez la concurrence avant ce délai. Donc, si vous rêviez de vous offrir le nouvel iPhone et que vous êtes chez Orange, il vous en coûtera bien la somme exhorbitante de 540,03 euros. Savourez les 3 centimes. Aussi avant de vous précipiter, comparez bien les offres de ses concurrents, SFR et Bouygues, qui ont tout intérêt à contrer l'exclusif absolu devenu seulement l'exclusif de quelques jours après délibération juridique... Orange ne changera donc jamais avec ses mesquineries commerciales qui ont fait sa légende. Il n'est jamais certain que ce genre de pratique soit bénéfique à terme. Ainsi j'avais déserté France Telecom et Wanadoo au profit de Free lorsque j'avais compris leurs pratiques déloyales et anti-commerciales au possible. Je ficherai le camp dès que j'en aurai l'occasion cette fois encore...

mercredi 17 juin 2009

Un nouveau mystère au Louvre


En réalité, aussi invraisemblable soit-elle, la chose ne s'est pas produite au Louvre, mais dans une aile du Palais bâti par Philippe Auguste, la plus proche des Tuileries rue de Rivoli, celle qui héberge le Musée des Arts Décoratifs. La journée avait commencé d'une drôle de manière. Tandis que je réclamai un badge du jour à l'agent de sécurité qui gardait la galerie des jouets, celui-ci me répondit avec un ton de conspirateur : "Ce n'est pas très agréable ici, nous sommes surveillés." Je lui fis aussitôt remarquer que c'était justement sa fonction, mais il insista : "Je suis agent d'accueil, accessoirement de sécurité... Et je ne surveille pas les gens, mais seulement les objets !". Je l'aidai à trouver mon nom sur la liste, mais comme je le quittais il me demanda tout de même comment je m'appelais après s'être présenté par son prénom et insista pour me serrer la main en regardant tout autour par-dessus mon épaule.
L'endroit était désert, toute l'équipe étant partie déjeuner. Je me concentrai sur l'installation du système d'amplification de nos lapins sages comme des images, ce qui ne me rassurait qu'à moitié, lorsque je fus rejoint par Leslie qui me donna heureusement un coup de main, façon de parler puisqu'elle rampa sous la vitrine pour passer les câbles et les enceintes. La chose n'était pas aisée, d'autant que, toute spécialiste des socles qu'elle est, elle s'était abîmée le petit orteil gauche en nettoyant mes traces de pas car, probablement troublé par l'atmosphère qui régnait déjà dans l'obscurité, j'avais oublié d'ôter mes chaussures avant de grimper parmi le clapier. Mes lecteurs assidus saisiront la coïncidence car la jeune fille ne s'esquinte jamais que le petit orteil gauche et ce n'est pas la première fois !
En se faufilant sous les filins tendus au sol, Leslie aperçut un objet glissé à un endroit où nul n'aurait jamais été censé l'apercevoir. La plaque de cuivre d'une douzaine de centimètres de diamètre était gravée d'étranges inscriptions cabalistiques recto verso et recouverte d'un vernis bon marché. Aucun des membres de l'équipe fut capable de déchiffrer le message, mais je m'empressai de photographier l'objet, des fois qu'il disparaisse pendant la nuit. Sommes-nous sur les traces de Belphégor ou est-ce un signe de piste des fondus du Da Vinci Code ? Le disque a-t-il été déposé par les ouvriers italiens lors de la construction du monstrueux aquarium ou était-ce un détracteur du sulfureux Blanquet qui y avait exposé des poupées nues pour Toy Comix, comment le savoir ? Si l'un ou l'une de mes lecteurs peut nous mettre sur quelque piste, nous lui en serons grandement gré. En attendant, personne ne sait quoi faire de cet objet ésotérique que nous n'avons su que dissimuler à notre tour aux yeux des visiteurs de passage...

mardi 16 juin 2009

Fenêtre dans la fenêtre


Lorsque je suis tenu au secret pour ne pas ébruiter ce qui se trame dans l'ombre avant les annonces officielles, lorsque mes journées commencent à 4h30 pour se terminer vers minuit passé, que voulez-vous que j'écrive ? Je peux tout juste rêver devant une image prise il y a quelques jours, mais réduite, à l'heure qu'il est, à un banal fond d'écran. C'est tout de même une fenêtre vers un autre temps, pas encore véritablement vécu parce que celui de presser sur un bouton ne permet pas de s'y plonger corps et âme. C'est un réflexe de survie, un truc à consommer plus tard, qui, sorti de son contexte, ravive les odeurs végétales excitées par le vent que les embruns citadins étouffent sous l'affairement. Patatras. À quoi servent les souvenirs ? À quoi servent les souvenirs quand on n'a pas su les vivre pleinement dans leur primeur ? Il reste la mémoire et l'imagination. Ça sent bon, mais il est déjà tard.

lundi 15 juin 2009

Quand baroque et jazz mènent à l'impro


Pour fêter les 20 ans d'Antonin, le bon docteur Hoang avait invité quelques amis à un concert en appartement comme il les affectionne. Le fiston, Antonin-Tri, improvisa donc au saxophone alto en trio avec Youen Cadiou à la contrebasse et Gulrim "Gus" Choi au violoncelle devant un auditoire concentré. Pour cette première, rencontre impromptue, que les deux instrumentistes à archet jouent sur des instruments baroques força Antonin-Tri a trouvé des timbres originaux se fondant au moëlleux velouté des cordes en boyaux.
Marie-Christine Gayffier, c'est la maman du héros de la fête (né le même jour que son père !), me rappela comment à L'Île-Tudy je montrai à Antonin enfant la technique de la respiration continue qu'il exploita ici sans en faire toute une montagne. Je tenais moi-même cet enseignement de Bernard Vitet qui m'initia à la paille dans le verre d'eau. Je continue à relever le défi d'initier quiconque en dix minutes à cette pratique permettant de structurer ses phrases sans être victime d'un quelconque essoufflement. Même si c'est ensuite une question de pratique et d'intelligence compositionnelle, nous sommes loin de "l'aspiro-technie" enseignée "jadis" dans les lieux cultes de la musique contemporaine académique.
Après chouquettes et avant gâteaux, nous ne sommes pas restés pour le lapin et cela sans relation aucune avec le fait que je doive en installer cent ce matin-même au Musée des Arts décoratifs, nous nous sommes donc laissés aller à la rêverie, sur des paysages philosophiques peints à coups de notes et de silences, mélange savant de tendresse et d'écoute attentive, sans négliger la fougue d'une jeunesse qui nous laisse enfin nous reposer quelques minutes pour savourer ce que nous réserve l'avenir.

dimanche 14 juin 2009

Bri(gan)dage d'Orange / Services de Free


SMS reçu d'Orange-info vendredi : "vous avez atteint 80% de l'usage raisonnable (500Mo) prévu par votre offre. Au-delà, le débit sera réduit jusqu'à prochaine date de facturation." Trop tenté de glisser ma carte Sim dans mon iPhone pour pouvoir surfer dans le TGV grâce à la clé USB 3G+ sans abonnement, je n'ai pas surveillé mes accès au Web pendant mes trajets ferroviaires. Je croyais bêtement la publicité qui proclamait "Internet en illimité". La préposée au Service Clients m'explique que le fair use exige ce bridage sans être capable d'en spécifier la réduction de vitesse précisément. Pas de surfacturation, c'est déjà ça, mais un débit réduit censé limiter mon usage égoïste de la bande passante ! Ce n'est donc pas la durée d'utilisation qui fait tâche, mais la quantité de données reçues. Un second SMS devrait m'avertir lorsque j'en serai arriver à 500Mo, la date anniversaire de mon abonnement me permettant ensuite de retrouver la vitesse "haut débit" sur ma puce.
Alors illimité ou pas ? De qui se moque-t-on ? Comment contrôler sa consommation de données à l'instar des minutes de communication ou du nombre de SMS envoyés ? Et ne serait-il pas plus simple d'équiper les ordinateurs portables d'un modem comme celui de l'iPhone plutôt que de se prêter à des ruses de Sioux ou du moins permettre au téléphone de remplir cette fonction sans supplément ? Se connecter à Internet avec un ordinateur relève pourtant du même processus et des mêmes contraintes qu'avec un IPhone.


Pour en terminer avec ce billet plutôt technique, signalons que Free, grâce à son nouveau service FreeWiFi, permet de se connecter en wi-fi dès que l'on se trouve à proximité d'une FreeBox parmi les 3 millions en service, à condition d'être en zone dégroupée et de valider le service sur sa console d'administration en ligne. Attention, Free vous fournit un nouvel identifiant lors de ce petit "réglage". Ces derniers temps lorsque vous avez cherché une borne wi-fi ouverte, sans mot de passe, vous avez certainement remarqué que sont apparues dans la liste ces FreeWiFi miraculeuses... Jusqu'ici on notait surtout des Neuf !
Et puis, vous pourrez aussi téléphoner avec votre téléphone portable au même tarif que votre fixe (c'est-à-dire gratuitement sur les fixes de 97 pays, etc.) avec l'application Fring pour iPhone, à condition d'être en wi-fi, d'où le lien avec le précédent paragraphe ! Vous avez ainsi le choix entre SIP (le système en question), Cellular (connexion portable habituelle) ou SkypeOut si vous avez un compte vous permettant de passer des coups de fil à n'importe quel numéro (10 euros équivalent environ à 10 heures de communication dans le monde entier !). J'en vois qui ne suivent pas et qui vont devoir tout relire plusieurs fois... C'est normal, plus c'est simple ensuite, plus c'est compliqué au début ! Sip, encore un truc à cocher sur la console d'administration de votre compte, cette fois sous l'onglet Téléphone. Le plus sûr est d'essayer de comprendre à quoi servent tous les réglages de son compte...
Ayant remplacer hier ma FreeBox v.5 de plus de trois ans par une toute récente HD, je constate enfin que la connexion entre la Box et son périphérique Télévision ne se fait plus en wi-fi mais en Courant Porteur en Ligne. Les trois antennes ont disparu sur le boîtier ADSL comme sur le boîtier TV. Le CPL fait passer le signal par le courant électrique, permettant des distances bien plus grandes entre les deux. Enfin, l'installation du nouveau matériel s'est passée comme une lettre à la boîte, sans que j'ai besoin d'appeler au secours la Hotline. Hélas mon vidéo-projecteur est bien trop âgé pour délivrer du HD. Encore un mot, à son propos, voilà plusieurs centaines d'heures, que mon Sony me demande de changer la lampe et que je passe outre. Bien m'en a pris au su du coût de la rechange...
Voilà, c'était le coin du bricoleur, parfaitement adapté au week-end.

samedi 13 juin 2009

Variable


Le micro-climat qui épargne l'île lorsqu'il pleut à Quimper serait dû aux deux bras de rivières qui se jettent dans l'océan, d'un côté l'Odet, de l'autre la rivière de Pont-L'Abbé. Il ne fait pas toujours beau. Euphémisme. Mais le temps gris sied à la Bretagne. Le crachin triste à Paris possède ici quelque chose d'exotique. On sort les bottes en caoutchouc et les cirés. On lit au lit. On regarde les goélands planer dans le vent. On attend le retour du soleil. On regarde les nuages. Et puis on s'en va.

vendredi 12 juin 2009

Les lapins entre chien et loup


Nous espérons que le titre de l'évènement ne produira pas d'affolement parmi notre centurie, des fois que certains aient vu La règle du jeu de Jean Renoir !
Nabaz'mob est donc représenté ce soir à 20h30 et 22h au Théâtre de Cornouaille. L'opéra pour 100 lapins communicants dure 23 minutes. C'est gratuit comme tout ce qui se trame "entre chien et loup".
Je n'étais pas retourné jouer à Quimper depuis Le K avec le Drame et Daniel Laloux en 1992, mais j'avais tout de même prêché la bonne parole à l'École des Beaux-Arts l'année dernière à l'ivitation de Karine Lebrun, pour y aborder la création sonore auprès des étudiants en arts numériques. Et puis c'est sympa de revoir Étienne Tison à chaque visite dans la région...
De 1984 à 1995 j'y passais trois mois par an à regarder l'horizon, pêcher des palourdes, bouquiner, écouter des Bagadoù et m'acheter des chemises au Costume Breton. J'ai longtemps porté ces chemises anciennes en lin qu'on enfile par la tête. Je les trouvais particulièrement confortables avec leur losange sous chaque bras et leur col mao surfilé me plaisait beaucoup. J'ai changé de style, mais, hormis quelques manchettes élimées, elles n'ont pas bougé d'un fil depuis vingt-cinq ans. Pas de Bagad en vue cette fois-ci, dommage. Quant aux palourdes, tandis que je pêchais les huîtres sauvages, mon dos m'a rappelé que ces péripéties gourmandes auxquelles la grande Dédé m'avait initié ne sont plus de saison ! Je me contente de les déguster, comme les langoustines dont le parfum exquis ne supporte pas le voyage.

jeudi 11 juin 2009

Au Pays Bigouden


Depuis que j'ai acheté cette carte postale il y a une vingtaine d'années, aucune n'est probablement plus de ce monde. Les jours de marché à Pont-Labbé, on rencontrait souvent des Bigoudennes. En voiture, elles étaient obligées de laisser sortir leur coiffe par le toit ouvrant de la 2CV ou bien elles penchaient la tête à s'en ficher le torticolis. Déjà que certaines marchaient toutes tordues, handicapées par une maladie de la hanche congénitale que l'on ne rencontre que dans la région... Les autres bretonnes disaient qu'une coiffe aussi haute ne pouvait être qu'un signe d'orgueil. En en voyant une passer, "C'en est pas aucune, toujours à faire du ton qu'elle est !" aurait dit une des vieilles dames sur le banc, à côté de la maison de Michèle. L'île Tudy est en fait une enclave Penn Sardin en Pays Bigouden.
Nous nous consolons en dévorant à marée basse des huîtres plates sauvages à même les rochers. Elsa m'a conseillé astucieusement de me munir d'un tournevis et d'un marteau. Pendant ce temps-là, Françoise croque des chapeaux chinois ou patèles qu'elle appelle arapèdes. Après ces délicieux hors-d'œuvre nous passons deux heures à déguster chacun une araignée de mer. Une salade de roquette et un Traou Mad plus tard, nous ne rêvons plus que de sieste ! Six heures plus tard, marée haute, l'eau est à 15°. Nous plongeons devant quelques papys emmitouflés. Gâteaux. On ne peut pas dire que nous faisons dans la dentelle.

mercredi 10 juin 2009

Palette bretonne


Hier après-midi, les vagues éclaboussaient les fenêtres. Le soir, j'ai photographié un arc-en-ciel qui touchait l'horizon des deux bords. Au réveil, tout était doré comme un petit-déjeuner. Les couleurs du ciel, et par conséquent l'océan, changent à la vitesse du vent. Ça souffle !
À Saint Guénolé nous sautons de rocher en rocher. À La Torche, nous admirons les étoiles de mer. À Tronoën, nous revenons six siècles en arrière. Le jeu de l'oie se termine devant des galettes de sarrasin et un détour par le Super U où les Mouettes d'Arvor adoptent une panoplie d'épices à rapporter dans nos bagages.
Pendant que nous nous la coulons douce au bord de l'eau, Antoine empaquète les lapins pour les Arts Décos après avoir réparé le bug, tout seul comme un grand qu'il est, un problème de lease-time du DHCP ! De temps en temps, une des bestioles se bloque néanmoins sur ses leds orange, il n'y a rien à faire, c'est une revendication de RTT et nous ne pouvons que le rebooter pour le convaincre d'exercer toute sa solidarité avec le reste du clapier. Le lendemain tout rentre dans l'ordre, jusqu'à ce qu'un autre des cent lapins prenne la pause et nous en pose un des siens ! Une histoire de fous. Oui.

mardi 9 juin 2009

Scénarios de rédemption


Nous avions d'abord été surpris par le long-métrage d'animation Princess (2006) où Anders Morgenthaler entrelardait les séquences dessinées de bouts de film tournés avec une caméra amateur. La violence du propos justifiait que le passé traumatisant resurgisse incarné par des acteurs prétendument involontaires. En face, un trait original, aiguisé, où le monde de l'enfance peut virer au cauchemar : à la mort tragique de la mère, star du porno, une petite fille de cinq ans est récupérée par son oncle. Les flashbacks filmés, tremblés et maladroits, censés fournir les clefs du comportement du tandem, colère de l'oncle et précocité de l'enfant, sont insérés dans le lecteur VHS qui recrache l'horreur leur collant à la peau.
Trois ans plus tôt, cette noirceur existait déjà dans le court-métrage d'animation Araki: The Killing of a Japanese Photographer induisant la mort imaginaire du célèbre photographe japonais dont les clichés sulfureux firent et font encore scandale. Même scénario, même morale sans complaisance. Les cinéastes nordiques n'y vont pas de main morte.
Un an après Princess que l'on peut considérer comme une œuvre marquante de l'animation adulte, le cinéaste danois récidive en 2007 avec un film où l'on sent la patte d'un auteur dès les premières images. Tourné exclusivement avec des comédiens, Ekko ne fait référence aux antécédents d'animateur de son auteur que par le journal en forme de flip book que tient le jeune héros. Le sujet est tel qu'il ne fait plus aucun doute quant aux références personnelles qui le poussent à filmer l'enfance volée. Cette fois un policier en pétage de plombs enlève son fils. L'inconscience des adultes entraîne certains enfants à prendre leur place, quitte à payer le prix de leur innocence. Comme dans ses précédentes œuvres, Morgenthaler fait preuve d'invention tant dans le montage que dans le scénario qui réserve des surprises. La transmission des névroses familiales sont remarquablement mises en images ou en scène. La violence règne là où elle a semé ses germes, les sentiments de culpabilité entraînant les pires désastres. À ne pas régler son compte au passé, l'histoire risque de se reproduire de génération en génération.

lundi 8 juin 2009

Il était temps


Juste l'horizon en ligne de mire.
S'il était temps, ici l'on s'en moque.
Car tous s'y prêtent.

dimanche 7 juin 2009

Les lapins nous en posent


Les nouveaux lapins nous rendent chèvres à s'en arracher les poils qu'on a sur le caillou. Au bout d'une heure, soit trois cycles complets, les cent musiciens v.2 qui composent le second clapier se désynchronisent, mélangeant les mouvements de l'opéra dans une cacophonie absurde qui nous enchanterait si nous ne connaissions pas la partition originale. Antoine et Khaled ont testé le dispositif avec les routeurs habituels, mais les problèmes persistent. L'embouteillage d'informations wi-fi empêchant les Nabaztag de se connecter, ils rebootent au milieu de l'action. Il ne nous reste plus qu'à tout éteindre et repartir de zéro. Heureusement que nous jouons vendredi à Quimper avec le premier clapier qui, s'il se permet quelques incartades dans la joie et la bonne humeur, se tient tout de même à carreau. À clamer que nous travaillons sur l'ordre et le chaos, nous voilà pris à notre propre piège ! Nous avons donc encore quelques jours pour soigner l'épidémie puisque nous sommes censés installer la nouvelle marmaille aux Arts Décos lundi en huit pour l'inauguration qui se tiendra le 24 juin. Antoine doit donc continuer à faire des tests, changeant d'ordinateur, analysant les données, appelant à l'aide Sylvain Huet qui est à l'origine du code et Khaled Chaar, grand spécialiste de la communication lagomorphe.
Si le temps venait à manquer, nous aurions toujours la possibilité d'installer le clapier de v.1 qui a fait ses preuves à New York et St Médard-en-Jalles dans une configuration permanente. Aux États-Unis c'était en fait un ensemble acheté par Atari tandis qu'auparavant les lapins apportés par leurs propriétaires lors de la création au Centre Pompidou avaient essuyé brillamment les plâtres. Ceux avec lesquels nous voyageons régulièrement constituent déjà une troisième centaine et les v.2 qui nous font ces misères forment ainsi le quatrième ensemble que nous dirigeons ! Je blogue sur Nabaz'mob une fois de plus, car j'ai du mal à penser à autre chose, même si Pierre-Oscar m'envoie de bonnes nouvelles qui s'ajoutent à des perspectives musicales d'avenir extrêmement stimulantes. En attendant, je vais glisser mon bulletin dans l'urne, et ce malgré mes critiques virulentes à l'égard de la démocratie bourgeoise. Cette préoccupation n'est pas étrangère à notre opéra dont le sujet initial évoque justement les difficultés à vivre ensemble.

samedi 6 juin 2009

Strasbourg toujours trop court


Je resterais bien chaque fois un peu plus longtemps à Strasbourg. Ville universitaire, sa densité de jeunes gens lui donne un air de fête et de concentration studieuse. La ville est très belle, vivante, rafraîchissante, stimulante. C'est un mélange de tradition alsacienne et de cosmopolitisme. L'afflux de touristes fait résonner toutes les langues de la planète dans les rues piétonnes qui quadrille le centre érigé de demeures anciennes et encerclé d'eau. Des saules pleureurs alternent avec des glycines séculaires. À l'heure du repas je ne sais plus où donner de la tête tant les cuisines du monde se concurrencent pour m'allécher. Hier midi, je déjeunai d'un authentique menu coréen qui contrebalançait mes expériences locales de la veille. Le tramway, la bicyclette et la marche à pieds sont les moyens de locomotion les plus sûrs.
En quelques pas je suis dépaysé, me sentant presque en vacances alors que je dois reprendre le cours de ma conférence auprès des élèves en didactique visuelle de l'École des Arts Décoratifs. J'y transmets ma marotte, le son complément des images dans l'audiovisuel et les médias interactifs. Le jour précédent je réalisai quelques suivis de projets auprès d'étudiants de cinquième année passant leur diplôme la semaine prochaine. Pas question évidemment de les fragiliser à quelques jours de la sortie, mais répondre à leurs questions, déceler leurs faiblesses pour leur donner des armes pour se défendre face au jury si besoin est. Nombreux me réclament des références pour étayer leur discours et donner une légitimité historique à leur démarche. Les projets sont intéressants et prometteurs. Je n'ai pas besoin d'inventer des arguments, il suffit comme d'habitude d'analyser leur travail pour y déceler leurs motivations inconscientes.
Avant de quitter ma chambre d'hôtel, je porte mon appareil à bout de bras pour prendre en aveugle les toits de la ville alsacienne.

vendredi 5 juin 2009

Imago


Voilà déjà un an que 80 balais ont salué la naissance de l'artiste. Si Agnès Varda est un bourreau de travail, elle a appris à prendre son temps, profitant des fleurs de son jardin en forme de couloir rue Daguerre. À l'heure du thé elle s'endort régulièrement pour récupérer de ses longues journées de labeur. Sa vivacité, son intérêt pour les nouvelles technologies et son enthousiasme sont rafraîchissants. Tandis qu'elle prépare l'édition DVD des Plages d'Agnès, elle œuvre déjà à une nouvelle installation pour la Biennale de Lyon. Elle nous raconte le tournage sur la Seine à bord du voilier qu'il a fallu transporter depuis Sète, la douzaine d'autorisations nécessaires, le vent, la lumière, les bateaux-mouches, les horaires impossibles imposés par les autorités, le propriétaire inquiet caché dans la cale qui redresse la tête au mauvais moment, l'absence de toilettes sur les quais... Le cinéma est affaire de patience, de calculs savants et d'improvisation de dernière minute. Cela me manque parfois. J'en retrouve quelque chose quand j'improvise sur scène ou lorsque je dois défendre mes choix devant un client, mais rien n'est plus excitant que de capter ces moments fugaces que l'on figera sur ce qui tient lieu de pellicule comme on épingle un papillon. Cruel et magnifique.

jeudi 4 juin 2009

Designers d'interactivité


À l'occasion de son exposition code_source qui s'est tenue au festival de Chaumont, le graphiste Étienne Mineur a interviewé une douzaine de designers liés à l'interactivité. On en découvrira une première sélection filmée en HD par Nicolas de Chateau-Thierry sous le titre underscore, échanges autour du design. underscore_2 m'étant consacré, les cinq premières séquences montées mettent en scène Jean-Louis Fréchin, Nicolas Baumgartner, Jean-Philippe Bazin et Electronic Shadow. Les suivants seront Gabriel Jorby, Sacha Gattino, Hervé Mishler, Rémy Bourganel, Fabien Voyer, Philippe Michel et Christophe Rebours.


Les entretiens, filmés à trois caméras, eurent lieu fin avril au studio de Nicolas dans les locaux de Donuts attenants à ceux d'incandescence, décor tout blanc avec quelques rares objets apportés par chaque invité. Étienne Mineur avait choisi quatre questions, reprises par la revue Étapes dans une déclinaison différente :
1. Un bref descriptif de votre parcours...
2. Sur un de vos projets anciens ou actuels, parler d'un point précis où votre apport fut décisif, intéressant, essentiel, original ou imprévu... L’apporter si c'est un objet ou m'indiquer où se trouve ce projet que je puisse faire des captures d'écrans avant l’interview.
3. Depuis les années 1950 quels sont les quatre évènements, étapes, découvertes les plus marquants à votre avis dans votre domaine ?
4. Votre définition de l’interactivité ?
J'avais apporté un Nabaztag accompagné de quatre Nanoztags puisque c'est le projet le plus populaire auquel j'ai participé récemment et que notre opéra Nabaz'mob fait les honneurs de l'actualité ! Nicolas a passé les entretiens en noir et blanc pour ne conserver en couleurs que les documents apportés par leurs auteurs.
Les entretiens montés sont visibles sur le blog d'Étienne.

mercredi 3 juin 2009

La cuisine des lapins


Pour effectuer les ultimes réglages de Nabaz'mob en vue de son exposition au Musée des Arts Décoratifs à partir du 24 juin, nous avons dû installer le nouveau clapier sur la moquette du salon au premier étage. Comme "Musique en Jouets" sera présenté jusqu'au 8 novembre et que nous devons continuer à nous promener avec le spectacle pendant ce temps, les lapins se sont donc multipliés. Or nous avons tout programmé en 2006 pour une meute de Nabaztag, des v.1, remplacés depuis par Violet par des v.2 dits Nabaztag/tag qui évidemment ne réagissent pas de la même façon. C'eut été trop simple ! Nous avons été obligés de museler l'orchestre des jeunes, beaucoup plus nerveux que les vétérans, pour retrouver la partition originale, et cela ne s'est pas fait sans mal. Antoine s'est donc chargé de toute l'opération, après que Sylvain Huet lui ait donné les clefs de la programmation. Il a dû écrire un nouvel interpréteur de chorégraphies, rajoutant des commandes comme l'attente des oreilles (qui tournent plus vite que celles des v.1) ou le random, intégrant notre système de commande à distance, modifiant l'exportateur de la partition pour qu'elle contienne la durée des fichiers midi (les v.2 n'ayant pas conscience qu'un fichier midi a fini de jouer, ils étaient coupés parfois avant la fin), etc. Par exemple, les moteurs des v.2 tournant quatre fois plus vite que ceux des anciens, les synchros sur les fins de mouvements d'oreille étaient cassés. Antoine a donc ajouté la durée de rotation des v.1 dans la partition pour que les v.2 se calent dessus. De mon côté, j'ai dû repartir des fichiers midi originaux, car l'un d'eux, un seul mais il fallait bien résoudre le casse-tête, ne délivrait que du silence sans que nous n'en ayons jamais compris la raison. Enfin Antoine a mis en place un "process" pour modifier la partition si nécessaire et tester facilement d'éventuelles modifications. Alors voilà, hier on lance tout, et nous nous retrouvons avec un bouchon wi-fi inexplicable, si bien qu'aujourd'hui nous espérons que la science de Khaled Chaar va nous sortir de cet embouteillage. Avec trente lapins cela fonctionne, mais au-delà les bestioles ne renvoient plus les informations aux serveurs. Pendant ce temps, je compare le son des deux orchestres. Celui des petits nouveaux est beaucoup plus métallique, faisant ressortir certaines fréquences aigües et des distorsions qui me plaisent, mais qui changent le son d'ensemble. C'est passionnant. Déjà que Nabaz'mob, par la liberté accordée aux 100 lapins communicants, nous surprenait à chaque représentation, voici que nous nous retrouvons à la tête de deux ensembles interprétant de manière très différente notre opéra. La transposition anthropomorphique des petits robots devient de plus en plus troublante.

mardi 2 juin 2009

La réalité alternative de Coraline


Coraline est le nouveau film d'animation de Henry Selick qui fera frissonner les enfants qui n'ont pas froid aux yeux et les adultes qui ont gardé leur fascination pour les cauchemars surréalistes. Tiré d'un conte noir de l'écrivain anglais Neil Gaiman, publié en 2002 et traduit par Hélène Collon (oui, c'est bien notre amie de Citizen Jazz !), souvent comparé à Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll pour sa réalité-alternative, il a été réalisé en "stop-motion" par celui qui dirigea L'Étrange Noël de Monsieur Jack dont Tim Burton n'était que l'auteur et le producteur.
La cible adulte explique probablement son absence de morale chère à Disney ou Pixar, ou, s'il faut en trouver une, elle serait bizarrement réduite à faire confiance à ses parents plutôt que de se laisser appâter par les offres alléchantes d'étrangers très gentils. Coraline est surtout un feu d'artifice d'effets graphiques ou magiques et une histoire macabre entretenant une forte tension tout le long du film. Le scénario manque parfois de profondeur, les clins d'œil relevant plus d'un système de références propres à son créateur qu'à un approfondissement psychologique des personnages même si le double monde dans lequel nous évoluons, nos songes et notre quotidien s'influençant mutuellement et parfois dangereusement, nous renverse et nous trouble. Autre réserve, malgré la présence brillante de solistes telle la harpiste Hélène Beschand, la partition de Bruno Coulais n'est pas à la hauteur d'un Danny Elfman. C'est étonnant comme les films se figent dans un genre dès lors que le succès pointe son nez. Pourquoi, par exemple, imiter platement les musiques des films précédents plutôt que faire preuve d'invention ?
Il n'empêche que Coraline est une féérie qu'à découvrir en salle on préfèrera voir en 3D (sortie le 10 juin), en attendant que des films comme Mr Jack soient vendus en DVD avec les lunettes polarisantes appropriées.

P.S. : grosse déception à la sortie du DVD vendu avec 4 paires de lunettes 3D sur le principe d'un verre rouge et l'autre vert, aucune maélioration depuis les années 60, les couleurs tournent fadasses, le relief n'apporte rien à la magie cinématographique, heureusement la version "normale" est aussi dans le boîtier...

lundi 1 juin 2009

Home


Une famille vit dans une maison isolée le long d'une quatre voies laissée à l'abandon depuis sa construction. Mais les travaux reprennent et le désert surréaliste qui lui tient lieu de jardin devient un cauchemar dès les premières voitures. Road movie immobile, Home commence sur les chapeaux de roues alors que la bretelle d'autoroute n'est pas encore ouverte. La réalisatrice Ursula Meier nous conduit sur une voie rectiligne qui mène à la catastrophe. Le film ravive nos craintes quant aux mutations du paysage et à l'arrivée de nouveaux voisins. Derrière les rails de sécurité, les bas côtés enferment les personnages dans une marge fragile, incapables de visualiser la réalité border line de leur situation décalée. Les acteurs sont épatants, particulièrement Olivier Gourmet en rocker de zone et Isabelle Huppert en mère de famille déjantée. On peut imaginer la force qu'Ursula Meier acquérerait si elle faisait preuve de la même inventivité pour la musique que pour le son et l'image, la chef opératrice Agnès Godard s'étant spécialement investie dans cette œuvre originale qui donne envie de surveiller les prochains films de la jeune réalisatrice. Mais rares sont les cinéastes qui imaginent au son ce qu'ils osent dans leurs scénarios ou leurs images. La contemporanéité sonore reste des décennies en arrière, constat rageant lorsque l'on sait le pouvoir d'évocation qu'il offrirait. Pour tout le reste, roulez jeunesse ! (DVD contenant un excellent entretien avec Ursula Meier et Agnès Godard, dist. blaq out).

P.S. : bémol en commentaire