Depuis que j'ai acheté cette carte postale il y a une vingtaine d'années, aucune n'est probablement plus de ce monde. Les jours de marché à Pont-Labbé, on rencontrait souvent des Bigoudennes. En voiture, elles étaient obligées de laisser sortir leur coiffe par le toit ouvrant de la 2CV ou bien elles penchaient la tête à s'en ficher le torticolis. Déjà que certaines marchaient toutes tordues, handicapées par une maladie de la hanche congénitale que l'on ne rencontre que dans la région... Les autres bretonnes disaient qu'une coiffe aussi haute ne pouvait être qu'un signe d'orgueil. En en voyant une passer, "C'en est pas aucune, toujours à faire du ton qu'elle est !" aurait dit une des vieilles dames sur le banc, à côté de la maison de Michèle. L'île Tudy est en fait une enclave Penn Sardin en Pays Bigouden.
Nous nous consolons en dévorant à marée basse des huîtres plates sauvages à même les rochers. Elsa m'a conseillé astucieusement de me munir d'un tournevis et d'un marteau. Pendant ce temps-là, Françoise croque des chapeaux chinois ou patèles qu'elle appelle arapèdes. Après ces délicieux hors-d'œuvre nous passons deux heures à déguster chacun une araignée de mer. Une salade de roquette et un Traou Mad plus tard, nous ne rêvons plus que de sieste ! Six heures plus tard, marée haute, l'eau est à 15°. Nous plongeons devant quelques papys emmitouflés. Gâteaux. On ne peut pas dire que nous faisons dans la dentelle.