Tous les repas de Lesponne étant pantagruéliques, je tente de ne pas faire trop d'incartades hors de mon chrono-régime, mais c'est chaque fois une épreuve. Entre les intestins de fouque sur canapés, les steaks de biche à la braise, les frites maison, le gratin d'endives, le pot au feu de canard sauvage, les grives, les fromages de brebis et de chèvre, les gâteaux et les bonnes bouteilles apportés par les amis, le vin d'orange, les liqueurs de nèfle ou de verveine, je dois mener une résistance insoutenable. Nous partons donc digérer en escaladant les collines jusqu'à l'ancienne palombière de Jean-Claude. La pente est raide et l'expédition est chargée de rapporter la cage qu'il avait fabriquée il y a de nombreuses années. Françoise qui ne peut jamais emprunter le même chemin que tout le monde se prélasse dans une chaise longue naturelle au creux d'un arbre...


Christian et Jean-Pierre découvrent des traces du passage de l'ours. Il y en aurait une quinzaine dans les Pyrénées et nous sommes justement sur leur chemin. L'un d'eux avait égorgé une brebis vers la cascade en y laissant son collier. C'est un sujet qui fâche parmi les chasseurs et les adeptes de la réintroduction de l'espèce slovène. Si les discussions avec certains chasseurs tempèrent mon antipathie pour le crime organisé, mon goût pour le gibier et l'absurdité de certains urbains ignorants de la nature aidant, les histoires qui se racontent font tout de même froid dans le dos quand on évoque les viandards, les inconscients et les malades de la gâchette. Donnez un fusil à des mâles et ils risquent de se comporter rapidement comme aux États-Unis où le port d'armes est autorisé.

P.S. : querelle de spécialistes, ce ne seraient pas des griffes d'ours, mais un cerf qui s'est frotté les bois pour faire tomber ses velours ou peut-être un de ses deux bois au moment de la mue... D'autres imaginent un très grand blaireau... Et puis retour à l'ours, etc.