C'est à vous flanquer des battements de cœur. Max sursaute et se redresse comme un diable hors de sa boîte. Il cherche l'appareil qui lui tient lieu de réveil, mais l'endroit est aussi noir que ses idées depuis qu'il a compris quels étaient les véritables motifs de ses employeurs. Aucune sonnerie n'a effectivement retenti si ce n'est dans un lointain couloir de sa mémoire, un de ces corridors malsains où l'on accède par d'improbables échelles, des pièges que son inconscient lui tend comme autant d'obstacles à franchir, de miroirs sans reflet, d'énigmes impossibles à résoudre si ce n'est par le lâcher prise, la chute dans un abîme renversé que la sagesse transformerait en nirvana si la lumière pouvait surgir.
Max pense à ces si comme aux on qui ont remplacé tant d'inconnues. Il en a rencontrées quantité dans sa fuite. La fatigue le gagne. La course ne mène nulle part. Puisqu'il est nécessaire de changer de rythme, transformons le chapelet de fausses pistes en laïque amuse-doigts. La Grèce moderne n'a plus rien d'autre à offrir pour réfléchir. Ses mains sont devenues rêches, mais son cœur s'est remis à fonctionner depuis la rencontre d'Ilona et la réapparition de Stella. C'est une image comme toutes celles qui ont accompagné sa cavale. Pourquoi localiser nos émotions à la pompe ? Ce sont les tempes qui battent lorsqu'il laisse percer ses sentiments, les confondant avec ses impressions. C'est tout son corps qui vibre quand le désir est plus fort que la raison.
Max se remémore des images suffisamment ouvertes pour laisser libre champ à l'interprétation, mais en évitant le fatal contresens. Ne pas confondre la touche multi-angles avec l'ambiguïté des faux-jetons. Un lourd rideau noir se lève vers les cintres tirant le rêveur d'une obscurité qui s'était avérée, somme toute, confortable. L'addition est salée quand la sueur a passé les sourcils et les ailes du nez. À l'avant-scène, le borgnole qui s'élève découvre un trou rectangulaire creusé dans la terre jaune. Il a sa taille. Dans quelle gueule du loup est-il allé se fourrer ? Les yeux de Max ont du mal à supporter le soleil éclatant qui pénètre au travers des paupières. Le magnésium le brûle comme si le flash, plus insaisissable que l'éphémère, ne pouvant qu'être entrevu était un point d'orgue ad libitum. Au gré de qui ? Toujours la même question. L'identité est au cœur de l'intrigue. Cet héliocentrisme lui pèse plus que de raison. Il le consume.
Max recule sans se retourner. Il sent pourtant une présence derrière lui. Un double de lui-même avançant vers le trou. Le terme de sa quête. La solution miracle. Et ce n'est pas une lessive. Il entend les tambours provençaux cogner lentement contre sa peau. Il lui suffit d'un geste pour arrêter cette marche funèbre. Décider de changer d'humeur. On se fait plus de mal à ruminer sa colère qu'à subir les coups de butoir de ses ennemis. Un claquement de doigts le sort de sa torpeur. Il voit soudain Ilona nue debout devant lui dans le contre-jour de l'astre rayonnant, une lumière d'été comme on n'en voit plus que dans les pays du nord.

Rappel : le premier chapitre a été mis en ligne le 9 août 2009, inaugurant la rubrique Fiction.