Sun Sun Yip m'a demandé de sonoriser l'une de ses œuvres en 3D très haute définition dans sa version vidéographique. Il lui a fallu un an de calcul avec trois ordinateurs à raison de trente minutes par image pour en venir à bout. Jusqu'ici, je n'en connaissais qu'un agrandissement photographique d'un mètre cinquante de haut. J'ai composé une pièce de 18 minutes pour cordes transformées électro-acoustiquement qui rappelle les flux liquides qui s'échappent de l'objet impossible comme si c'était une fontaine, mais ce n'est pas de l'eau. L'œuvre rouge vif, G10 pour graine 2010, se réfère à la vie, à l'énergie, mais n'a rien à voir avec un cœur. Le choix des cordes a également pour mission d'empêcher toute interprétation hâtive de l'objet. J'ai enregistré cinq prises, les trois premières avec le frein, contrebasse électrique à tension variable construite par Bernard Vitet au début des années 70, les deux dernières avec un hou-k'in, violon vietnamien cousin du ehr-hu chinois dont l'archet est inséré entre deux cordes, et un violon tout ce qu'il y a de plus classique. J'ai transformé chaque instrument en temps réel grâce à mon Eventide H3000 programmé par un algorithme d'échos en escalier déphasés et renversés qui rallonge chaque note sur une vingtaine de secondes. Le mixage des cinq pistes produit des ambiances variées alors que l'objet se transforme en pivotant dans l'espace et que la musique s'échappe en sources jaillissantes.