Dans une séquence de L'astre, scénario de long métrage que j'écrivis d'après Présence de la mort de C.F. Ramuz, un homme se suicide par peur de la mort. Nous vivons dans la plus grande absurdité. L'humanité attend les grandes catastrophes pour bouger alors que la raison devrait imposer des choix draconiens. J'ignore s'il s'agit de la sélection naturelle qui lui échappe forcément, de la stupidité des guides, du cynisme des nantis, d'une fatalité mystique ou d'un cocktail de tout cela, mais jusqu'ici l'équilibre, même précaire, a été maintenu, tant que l'on pouvait réparer les dégâts. La vitesse caractérisant notre époque le permettra-t-elle éternellement ? Certainement pas ! Tout a une fin et l'entropie fait son œuvre. Nous sommes devenus trop nombreux. Il y a autant d'humains vivant aujourd'hui que la somme de tous ceux qui ont vécu depuis l'avènement de l'humanité ! L'équation est incroyable. On recouvre la terre de toujours plus de bitume. Les incendies russes, s'ils touchent les centrales nucléaires et les zones radioactives mettent en péril toute la planète. L'iceberg trois fois grand comme Paris qui s'est détaché du Pôle devrait ébranler ceux qui doutent encore du réchauffement climatique. Inondations, raz de marée, tremblements de terre sont-ils les signes avant-coureurs du pire ? Il n'y a pas que les événements qui nous incombent. La longévité de notre soleil ou n'importe quelle grosse météorite s'écrasant sur la Terre pourraient changer la donne. Le physicien Stephen Hawking suggère que si nous ne colonisons pas l'espace d'ici cent ou deux cents ans, nous sommes cuits, mais nous en sommes bien loin. L'économie ne va guère mieux. Plus qu'aucun autre système, l'ultra-libéralisme aura montré ses limites aussi vite qu'il aura été promu. L'Asie ne se laissera pas toujours exploiter par l'Occident. La Chine se réveille. Partout les inégalités se creusent. Sachant que cela ne peut durer, on tire sur la corde, on joue avec le feu. Nombreux scientifiques s'en émeuvent, mais personne ne veut entendre les mauvaises nouvelles. La quatrième guerre mondiale est commencée depuis longtemps, mais elle pourrait enlever son masque démocrate comme le fascisme refaire surface. Nous ne sommes pas à l'abri. Si nous pouvons espérer échapper au pire en jouant la montre et en nous parquant dans des cités sous haute surveillance, qu'en sera-t-il de nos enfants ?