Une fois de plus, nous avons surtout eu l'impression de faire nombre pour exprimer notre mécontentement contre Little Sarko et sa bande, mais de politique nous n'en avons pas senti les effluves.
La retraite qui se rapproche devrait me mobiliser, mais mon statut d'intermittent ne me permettra pas d'en jouir de façon notable. Je sais que je devrais travailler jusqu'à la fin de ma vie. Bien que ce ne soit pas seulement une obligation, mais aussi un plaisir, je ne suis pourtant pas certain d'en avoir toujours la force. J'y suis donc allé par solidarité et pour grossir les rangs. 1+1+1+...= 2,7 millions dans la rue !
Depuis maintenant pas mal d'années les manifestations ressemblent à des promenades sympathiques, relativement silencieuses, aucun slogan consistant ne venant marteler le bitume. Si la fantaisie est rare, j'ai apprécié le simulacre de jeu télévisé avec une fausse Bettencourt et un Woerth assez ressemblant. Les Français swinguent comme des passe-lacets lorsqu'il s'agit de marcher. On est loin de la marée humaine qui s'avançait sur nous en dansant lorsque nous filmions le cortège de l'ANC à Johannesburg en 1993 ! Un monde était à construire. Mais ici, en 2010, de quel avenir rêvons-nous ? Pour quoi sommes-nous prêts à nous battre et abandonner nos privilèges ? Nous semblons avoir plus à perdre qu'à gagner. Quel leurre ! Même si le patronat s'engraisse toujours plus sur le dos de la masse laborieuse, il serait plus sain de retourner la question que de défendre nos acquis, fruits des désirs dictés par ceux-là mêmes que nous fustigeons. Si nous voulons changer de société, c'est d'abandon que nous devons discuter, ou de partage pour être plus juste. Que sommes-nous prêts à perdre pour accorder ce monde aux désirs que nous prétendons défendre ?
Hier après-midi entre République et Nation les pompiers eurent leur petit succès. Bras dessus bras dessous ils exprimaient une détermination rare dans le défilé. De plus ils traînaient avec eux leur célèbre sirène, détachée de son camion rouge. Pour qui espère ou attend un peu de fougue d'un tel après-midi, ils furent certainement les moins pompiers du cortège.