Pierre Oscar avait coiffé le tas de sable avec un gros téléviseur pour diffuser le film qu'il a conçu à partir du scénario de la bande dessinée qu'il publie avec Frederik Peeters dans la collection Bile blanche des éditions Atrabile. Je recommence. Pierre Oscar Lévy écrit un scénario à partir d'un lieu de vacances dans les Asturies où il n'est pas retourné depuis trente ans : sur une plage close par un mur de rochers, les protagonistes sont pris de vitesse par le temps qui s'emballe. Les vies glissent inexorablement comme les grains d'un sablier. On peut toujours le retourner pour savourer le trait noir de Peeters, on n'y peut rien, l'ange exterminateur veille au grain. Ou encore. POL réalise un film expérimental d'une quarantaine de minutes qu'aucun des invités au vernissage ne peut entendre. Il faudra revenir. Si le vacarme nous rend sourds, suivons les vagues formées par les 300 planches originales épinglées sur les murs de la galerie Since d'Upian jusqu'au 25 septembre.


Peeters et Lévy dédicacent à tour de bras. Nous serons pourtant inéluctablement un plus vieux en sortant qu'en entrant. Leur Château de sable est un château en Espagne, un rêve que seul le dessin est capable de matérialiser. Les réalités scientifiques s'effacent devant l'aventure fantastique. L'écran montre l'impossible du réel tandis que la BD vérifie la véracité de la fiction. Triomphe du storytelling, il y a neuf ans jour pour jour une histoire invraisemblable allait changer le profil du monde. Si vous avez eu la naïveté d'y croire, vous vous laisserez porter par les vagues. Sinon, vous saurez apprécier ce conte pour ce qu'il est, une manière de voir.