Pendant que je rédigeais l'article sur ma conférence d'hier après-midi à Créapôle d'autres faisaient de même sur le blog de l'école en publiant les photos prises à l'insu de mon plein gré, comme il est coutume de le signifier aujourd'hui. Lors de mes visites un photographe dont j'ignore le nom et la voix et qui ne m'a jamais été présenté ne cessa de me mitrailler. Comme je le saluais il fit mine de n'avoir rien entendu. Était-ce de la timidité, le résultat d'une consigne, l'envie de se fondre dans le décor pour capter l'instantané, le choix de l'ombre face à la lumière ? Je l'ignore encore. Y aurait-il chez les voyeurs professionnels un souci de l'invisible dont ils seraient les seuls à savoir se vêtir ? Imaginant qu'évidemment il ne pouvait s'agir que de la communication de l'école j'ai joué le jeu en continuant mon chemin comme si de rien n'était.
Huit photos (blog de Créapôle) illustrent ma prestation que je qualifie parfois de représentation. Plus je m'exalte, plus ma passion est communicative. Rien n'est feint, j'aurais même plutôt tendance à réfréner mon exubérance lorsque le sujet m'emporte. Au vu des photos cela m'amuse de me voir gesticuler dans tous les sens, risquant de me casser plusieurs fois la figure du haut du petit podium où je suis grimpé. Je ne prépare jamais mes conférences, l'improvisation conférant à mes interventions une vitalité indispensable pour que le message soit intercepté par les étudiants rassemblés dans l'amphithéâtre. Si ne serait-ce qu'un seul d'entre eux, ou une seule, était touché par la baguette magique avec laquelle je jongle allègrement ma mission serait accomplie. Il y a une jubilation à partager son savoir égale à celle de la scène lorsque les artistes passent la rampe et que chacun et chacune dans le public se sent personnellement visé. J'en ressors chaque fois exténué.