Michèle Buirette et Erik Patrix ont l'art d'organiser des fêtes où chacun et chacune se sent libre de se laisser voguer sur le flot musical. On danse certes moins qu'avant, mais on écoute plus et ça joue ! La restructuration prochaine de son appartement est le prétexte de cette soirée amicale où les musiciens se succèdent pour des petits sets d'environ un quart d'heure. Michèle à l'accordéon et la suédoise Linda Edsjö au vibraphone ouvrent le bal avec des chansons polyglottes où la poésie est toujours teintée d'humour. Linda enchaîne avec la chanteuse danoise Birgitte Lyregaard, duo vocal très original, cousin de Björk et Värtinnä avec une fantaisie qui ne tient qu'à elles. Lucien Alfonso et Andoni Aguirre prennent le relais pour un duo violon-piano alternant classique et traditionnel avec une rare sensibilité, rejoints bientôt par Elsa pour trois chansons en italien et en russe telles qu'Ando agrippe son accordéon.


Je découvre ma fille pour la première fois en direct avec sa nouvelle voix. Pour lui avoir ressassé si longtemps d'articuler et de chanter plus fort je suis subjugué par la mue, puissance d'émission et sensualité renversante, sans omettre d'y ajouter un peu d'humour et pas mal de tragédie. Michèle se joint au trio pour un dernier morceau avant la pause, mais déjà le jeune conteur chinois Ma Xiaolong, invité par Abbi Patrix, nous présente un sketch dans un dialecte de Yanghzou que mon ami Sun Sun comprend à peine, remarquable jeu de mime où un simple changement d'angle du corps incarne le dialogue entre un vieux déprimé et un jeune optimiste...


À mon tour j'attrape le Tenori-on, bientôt rejoint par Lucien dont le violon s'envole sur les rythmes électroniques. Comme je passe au Kaossilator avec mes haut-parleurs magnétiques en épaulettes, Dominique Fonfrède et Anita Glodek s'approchent en circonvolutions vocales qui donnent à notre maison (ce n'est tout de même pas de la House !) une allure de vaisseau moderne. L'accordéon est partout, dans les mains de Dominique Schiff qui chante en yiddish ou d'Elsa qui discrètement dans la cuisine me montre son nouvel instrument à clavier piano. Grégory Beller et Adrien saisissent une guitare. J'allais partir quand le quartet d'Antonin Tri-Hoang, Elie Duris, Romain Clerc-Renaud et Thibault Cellier arrive de la Miroiterie où ils viennent de jouer. Et rebelote, je ne sais pas à quelle heure cela s'est terminé, swing et valse, mais ça jouait d'enfer quand j'ai claqué la porte... Magnifique endroit où j'ai vécu treize ans il y a déjà longtemps !