Dehors, la Pia et l'Uto se frayaient un passage au milieu des récifs. Non sans avoir envoyer en éclaireurs quelques embarcations camouflées en îles flottantes. Décidément la spécialité du chef. La séance a un côté bon enfant qui contraste avec les enjeux. Stella, Ilona et Max espèrent récupérer quelques pièces du puzzle qu'ils ont vécu. L'astuce consiste à commencer par les bords, mais les limites ont sans cesse été repoussées sans qu'ils sachent de combien de pièces ils disposeraient...

Le second : Les évènements obligent le Capitaine à rester sur le pont, il en est désolé, mais il marche sur des œufs. Il sait que vous êtes en de bonnes mains. Servez-vous... Les deux bâtiments devant s'approcher à nouveau des côtes, nous sommes en alerte visible. Vous avez compris que cette guerre est d'illusions. Il n'y a plus de réalité, pas plus en mer que sur Terre.
La petite dame : Pfuit !
Pinguy : L'histoire a commencé…
Ponga : Il y a longtemps…
Pinguy : Il a toujours fallu juguler les flux migratoires et les initiatives individuelles avec les ressources du mystère.
Ponga : Jusqu'au XXe siècle la religion faisait son travail…
Pinguy : Avec l'accélération des découvertes scientifiques les innovations audiovisuelles ont bousculé l'équilibre précaire qui régissait les forces en présence.
Ponga : Les maîtres de l'univers se partageaient les richesses à tour de rôle. Les populations restaient à leur place. Une petite guerre par ci, un miracle par là.
Le rigolo chantonne un vieux tube au creux de l'oreille de la petite dame : Crac Boum Hue !
Pinguy : La technologie offrait de plus en plus de contrôle…
Ponga : Mais profitait du même coup à la résistance…
Pinguy : Les gouvernements sont devenus fantoches. Explicitement. Sous couvert de démocratie, une jolie invention soporifique, ils n'étaient que les intermédiaires pour de marchés juteux dont la nature est incompatible avec les valeurs qu'ils sont censés défendre.
Ponga : L'économie mondiale est essentiellement basée sur le commerce des armes, de la drogue et de l'argent lui-même. Je vous fais grâce du couplet sur la propriété et le pétrole n'est plus une priorité...
Le vieux au sonotone hurle : Là j'ai tout entendu. Je ne me suis pas laissé endormir…
La petite dame : Chut !
Pinguy : Entremetteurs, les États passent par des chambres de compensation garantissant les échanges et les paiements. Ces sociétés étant les seules à tout savoir se sont trouvées en position de maîtres-chanteurs. Publier la liste des mouvements ferait sauter n'importe quel gouvernement, provoquant des mouvements sociaux que plus personne n'est en mesure de contrôler. Tout peut exploser d'un instant à l'autre.
Ponga : Si tu racontes tout, je ne sers à rien.
Pinguy : Bon vas-y, on ne va pas se chamailler…
La petite dame : Toc et retoque !
Max : Vous enfoncez des portes ouvertes. Les organes de l'opposition n'ont cessé de publier des articles.
Pinguy : Les grandes nouvelles passent toujours inaperçues. Personne n'a envie de savoir que le libre arbitre est un leurre.
Ponga : Je sais ce qui vous intéresse. Pendant que les économistes mettaient tout à sac, la Déesse rassemblait les informations de tout ce côté du monde jusqu'à synthétiser une drogue plus puissante que la télévision, la chimie et tous les opiums du peuple. Capable d'analyser les fantasmes de chacun, de les systématiser dans une base de données qui accoucherait à la fois d'un message viral et du vecteur de contamination, cette arme redoutable permettrait de contrôler la libido de tous les êtres vivants par une sorte d'hypnose de masse…
Le rigolo : Nous sommes passés de la réalité augmentée à la réalité diminuée.
Max : Lorsque j'étais leur employé, je collaborais avec un de leurs laboratoires qui étudiait l'ADN des groupes ethniques les plus répandus. Ils pensaient que les cellules contenues dans les cheveux permettraient de reconstituer n'importe quel tissu humain.
Le rigolo lève son verre d'eau : Au poil, poil à la moëlle, comment vas-tu yo de moëlle ?...
Max : Comme je m'étais prêté aux expériences, un chimiste de l'équipe prétendit que les miens recélaient des composants rares. J'ai posé trop de questions. Tout a dégénéré. J'ai découvert que les cellules prélevées valaient de l'or et surtout que la Déesse visait une utilisation beaucoup moins sympathique.
Stella : C'est toujours pareil. Les savants sont des gamins qui font mumuse et leurs travaux servent à l'armée…
Ponga : L'armée n'est qu'un outil…
Le rigolo : Il y a de quoi se faire des cheveux !
Stella : On ne va pas les couper en quatre. Quels sont les moyens du bord ? Si nous sommes arrivés jusqu'ici, leur avons-nous échappé ou sommes-nous les porteurs du virus ? À quoi servaient les puces ?
Ilona : On tourne en rond.

Rappel : le premier épisode a été mis en ligne le 9 août 2009, inaugurant la rubrique Fiction. L'ensemble sera constitué de 50 épisodes. Le précédent remontait au 18 novembre 2010.