Aujourd'hui je glisse rapidement. Le trottoir garantit de beaux vols planés. Marcher sur la neige sécurise mes pas tandis que la moindre trace de chaussure la fait fondre avant de geler. J'attaque l'épaisse couche de glace avec le tranchant de la pelle pour faire éclater les plaques de la patinoire. Samedi Aldo Sperber est venu faire des photos de Françoise et moi sous la neige devant la plage ensoleillée derrière le mur. Tous nos gestes sont inscrits dans le blanc comme fossilisés. Il faudra du temps pour que cela fonde. La porte de la boîte aux lettres est collée. Les merles gobent les baies glacées parfum églantine. Nous préférons le cacao amer de Berthillon dont la coupe est encore plus pénible que celle du verglas devant le garage.