Le chauffeur du bus est un sale con. Comme il est furieux que quatre petites vendeuses de mangues aient réussi à grimper à une halte il referme les portes sur les gamines et ne les rouvrira qu'à la prochaine étape, quarante kilomètres plus loin. Nous aurions dû nous méfier. Ce salopard se fiche d'avoir oublié de nous déposer à Kompong Chhnang. Heureusement que je m'en aperçois à Udong, sinon nous débarquions ce soir à Phnom Penh. Évidemment personne ne parle une autre langue que le khmer et mes connaissances en ce domaine sont encore très limitées !


En faisant des pieds et des mains nous convainquons le propriétaire de la station de lavage de bus de prévenir un car qui roule dans l'autre sens et nous sautons en marche pour rebrousser chemin. Ouf ! Sauf que nous tombons en panne. Une marchande de fruits sur le bord de la route accepte de nous prêter son téléphone portable pour prévenir de notre retard la Sokha Guesthouse. Nous remarquons que, même dans le plus grand dénuement, pratiquement chaque cambodgien semble posséder un portable. La matrone qui dirige l'auberge en profitera pour nous rançonner, mais c'est de bonne guerre ! Dommage qu'elle ait continué à être si antipathique, car l'endroit est agréable. Le touriste est une vache à lait qui nourrit mieux que les buffles. Nous reprendrons contrôle de la situation le lendemain en faisant mine de partir.

La température nocturne ne nécessite nullement d'avoir recours à l'air conditionné, générateur de crève automatique, ni même au ventilateur, pourtant bien pratique pour éloigner les moustiques. Nous sommes dévorés et espérons échapper aux maladies que le Guide du Routard énumère avec une délectation sadique. Hormis cela, le Lonely Planet est dix fois plus pratique.