Nous acceptons souvent de la réalité ce qui nous paraîtrait incroyable dans une fiction.
La sonnette de la porte retentit à l'heure où les enfants partent à l'école. Notre voisine est énervée par le vol de son scooter qui a eu lieu cette nuit. Le parking à deux roues, exclusivement motorisées, a été implanté devant chez nous par la mairie, avec notre accord car il n'y avait nulle part où attacher les bécanes à proximité. L'espace étant trop exigu pour une automobile, nous avions suggéré des bacs à fleurs mais leur entretien encombre la ville. Notre voisine s'est souvent fait barboter sa jupe, entendre la partie du véhicule qui protège les jambes. Aucun autre scooter n'étant présent à cette heure matinale, il semble que l'affaire se confonde avec une razzia. On aurait sectionné l'énorme chaîne, cassé le Neiman, etc.
En fin d'après-midi son compagnon reconnaît leur propriété garée devant l'agence Pôle-Emploi à quelques mètres de chez nous ! Le conducteur, la trentaine, explique qu'un petit jeune a aperçu les clefs oubliées sur l'engin, est rentré le soir à la cité et lui a "prêté" le lendemain. Et d'ajouter "dorénavant évitez de laisser vos clefs sur votre scooter !". Le type ignorait évidemment où il avait été "emprunté". Sur le chemin de retour de l'école, notre voisin chanceux est tombé juste au bon moment sur le "nouveau propriétaire", chômeur, qui ignorait la proximité des lieux ! L'histoire est exemplaire. On dirait pourtant le scénario poussif d'un mauvais film français, les personnages y occupant les places assignées par les préjugés : le couple bobo avec l'épouse tête-en-l'air et le mari perspicace, leur gamine à l'école, le petit voleur de la cité et le grand frère chômeur... J'oubliais le concierge qui relate les anecdotes du quartier sur son blog !