Ayant tardivement enrichi mon travail par une partition sonore in situ, j'aurai, cette fois comme tout le monde, commencé par l'image et fini par le son. Entre temps je jouai une partie de ping-pong entre photographies et textes, les premières suscitant les seconds, et le récit impliquant à son tour l'iconographie. Mon premier roman, Une étoile est sans ciel, à paraître bientôt sur publie.net, ne pouvait avancer si je ne trouvais une image pour amorcer chacun des 47 épisodes. Il m'arriva de réaliser le cliché lorsque j'en eus besoin, mais le plus clair du temps j'emmagasinai une petite réserve de photographies narratives sans être illustratives, images évocatrices permettant à chacun/e de se faire son cinéma et à moi de continuer mon petit bonhomme de chemin. Je désespérai de ne pouvoir utiliser telle ou telle que j'aimais bien parce qu'elle me faisait rêver, mais ne correspondait pas ou plus à l'intrigue. Aux deux tiers du roman je décidai de sortir du noir et d'arrêter la parano. Pas facile d'être positif dans ce monde en perdition ! La plus grande partie de mes photos en rab ne fonctionnait plus avec la nouvelle direction empruntée. J'eus de plus en plus de mal à écrire. Je n'ai aucun regret, car si les laissées pour compte me faisaient de l'effet lorsque je me triturais les méninges pour arriver à suivre, depuis que j'ai terminé elles ont perdu leur suc. Mon prochain roman sera forcément d'une toute autre nature.
J'ai ajouté plus d'une vingtaine de musiques, d'ambiances et d'évènements sonores, mais supprimé les liens hypertexte qu'autorisent pourtant les eBooks, ces livres augmentés (le terme me semble plus approprié qu'interactifs) qu'il est agréable de lire sur iPad. En me penchant sur quelques passionnantes publications récentes de publie.net j'ai constaté que ces liens font sortir le lecteur du récit en quittant l'application pour un navigateur, tandis que les lecteurs sonores (players) ou les images qui s'animent sur un clic (vidéos) nous y plongent au contraire plus profondément, frôlant l'intime ou jouant de la distance sans nous perdre. Le WebObjet d'Alain François et les explications de Gwen Catalá m'ont ainsi permis d'entrevoir les possibilités de ce nouvel objet. J'en ai aussi profité pour me promener sur le site de l'éditeur et sur celui de François Bon, le tiers livre, rassuré d'y rencontrer cet intrépide stakhanoviste pluridisciplinaire dont la fantaisie n'égale que la rigueur et la détermination. Si vous n'étiez pas là à me lire régulièrement, j'oserais "on se sent moins seul".