70 juillet 2011 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 13 juillet 2011

Coupés du monde


Avant que le soleil se couche nous sommes allés admirer l'affiche que Ella et Pitr ont collé la veille aux Lilas. Françoise et moi ressemblons au petit couple à cheval sur le front de l'oiseau bleu. Nous quittons Paris d'abord pour les Pyrénées où toute connexion à la Toile est impossible. Il faudrait monter au sommet ou descendre dans la vallée, mais nous avons besoin de vacances. Ensuite nous nous laisserons glisser le long du cou de l'animal en suivant la vague. L'été succédera à l'hiver. Adelaide et Nicolas gardent la maison avant d'emménager à Marseille. Scotch nous accompagne. Je reprendrai probablement le fil du blog d'ici la fin du mois lorsque nous serons dans le sud. D'ici là nous arpenterons les pentes à pic et nous nous prélasserons au coin du feu avec un bon bouquin.
Le mien sortira le 20 août avec la fournée de la rentrée de publie.net. Le 15 septembre ce sera au tour des deux nouveaux DVD de Françoise, Gais Gay Games et Thème Je. Suivra la diffusion de La planète dans tous ses états de Hubert Védrine réalisé pour Arte par Pierre Oscar Lévy dont j'ai signé la musique avec Vincent Segal et Antonin-Tri Hoang, tandis que la nouvelle tournée des lapins débutera en Estonie !
Beaucoup de projets pour la rentrée, aussi avons-nous besoin de régénérer nos forces, en commençant par le farniente...

mardi 12 juillet 2011

JR la malice


Le clou des Soirées des Rencontres d'Arles de la Photographie fut sans conteste la prestation de JR contant son ascension fulgurante tandis qu'il faisait défiler ses images sur un claquement de doigts. Son show est remarquablement mené, avec humour et précision, tant que l'on peut se demander si son naturel n'est pas le fruit d'une mise en scène parfaitement rodée, storytelling à l'américaine où chaque mot est pesé pour plaire au plus grand nombre. Du genre, "tu peux coller des affiches ou les déchirer, c'est ça la démocratie." Même le talentueux directeur des Rencontres, François Hébel, le présente comme artiste politique "mais qui n'aime pas qu'on le dise", histoire de satisfaire ceux qui le souhaitent comme ceux qui le craignent ! Le coach en communication surveille du coin de l'œil la prestation de son poulain. JR joue les mecs cools, présentant Patrice, complice de son équipe de colleurs d'affiches qui gratte un peu de la guitare et qu'il a découvert, alors que c'est un chanteur reconnu depuis une dizaine d'années. S'il préserve son anonymat sous son petit chapeau et ses lunettes noires et que ses initiales ne permettent pas d'imaginer ses origines, sa proximité avec le collectif Kourtrajmé où officient Kim Chapiron (fils de Kiki Picasso), Romain Gavras (fils de Costa-Gavras), Vincent Cassel (fils de Jean-Pierre Cassel), Mathieu Kassovitz (fils de Peter Kassovitz), suggère celles du clan. Il n'empêche que son numéro est parfaitement au point, sympathique, efficace et malin, et que ses projets plutôt enthousiasmants. Même si je pense à la scène de l'avocat cynique dans Jésus de Montréal proposant au héros ses services pour amplifier son rayonnement, quitte à en faire profiter des organismes humanitaires si l'enrichissement personnel ne lui convient pas. Générosité et business. Expansionniste. Inside Out, la plus récente manifestation de JR devenu imprimeur, consiste à lui envoyer une photo pour recevoir gracieusement par retour du courrier une affiche à coller dans la rue en fonction de son propre projet...
Cette belle soirée clôturait la semaine où l'équipe de Coïncidence assura les projections au Théâtre Antique et aux Arènes en plus de quelques expositions comme celles de Dulce Pinzon ou Maya Goded. Olivier Koechlin, Valéry Faidherbe et François Girard en réalisèrent les montages grâce au logiciel iSlide conçu et programmé depuis dix ans par Koechlin pour l'occasion. Manuel Braun et Céline Le Guyader complètent merveilleusement cette équipe à l'œuvre depuis 2002. Suivant les indications des photographes ou leur proposant nos propres idées les montages sont sonorisés par des compositions originales ou des illustrations musicales préenregistrées, lorsque les musiciens ne sont pas en direct. La prestation de JR remporta tous les suffrages, car elle tranchait avec les remises de prix, hommages et commentaires de photographes peu familiers de la scène, trop compassés dans une optique spectaculaire. Au bout de dix ans on souhaiterait pour l'avenir plus de mise en scène ou de spontanéité, plus de spectacle en somme. Ce n'est évidemment pas facile avec une profession de solitaires peu habitués à se produire en public. Tout reste à inventer, ce qui fait le charme de nos métiers.

lundi 11 juillet 2011

Les images sourdes


P.S. : À rêver tout haut d'un monde meilleur il m'arrive de froisser des camarades. J'aborde ici une question de fond sans critiquer les équipes des Rencontres et de Coïncidence, pas plus que les artistes, les commissaires et partenaires qui ont tous réalisé un travail formidable faisant de ce 10e anniversaire une magnifique édition.

À l'occasion des Rencontres d'Arles de la Photographie se pose radicalement la question du son dans les expositions, pendant les projections au Théâtre Antique ou pour la Nuit de l'Année aux arènes. Directeur musical des Soirées, j'interviens en compositions originales, illustrations musicales, organisation de sessions live et conseils en tous genres lorsque les intervenants ne s'en chargent pas directement. Partout je note une absence plus ou moins délibérée du sens dans l'utilisation du son lors des manifestations qui y ont recours. Est-ce la peur d'écraser les images, le besoin d'hypnotiser le public à grand renfort de musique martelante ou plus simplement une inculture, ignorant l'impact du son dans la relation complémentaire qu'entretiennent les medias audio-visuels ? Partout résonnent des "morceaux choisis" sans rapport avec le sujet traité.
Mais d'abord pourquoi ajouter du son dans la présentation de photographies ? Si les expositions de tirages s'en passent fort bien, les projections dans le silence du Théâtre font ressortir la présence dissipante de la foule des spectateurs au lieu de créer une focalisation visuelle ou une pause musicale. Le bruit des rues adjacentes peut se signaler brutalement tandis que la réverbération de l'hémicycle souligne le murmure de la salle en plein air. Quitte à sonoriser les montages photographiques il existe maintes façons d'y répondre, en faisant tout pour faire oublier le son (psychoacoustiquement nécessaire) ou en cherchant à préciser les intentions des photographes grâce à son apport.
Pendant les Rencontres les réponses peuvent sembler diverses alors qu'elles obéissent à la même loi de désaffection du sens. Au Théâtre Antique, à de rares exceptions près (par ex., duo de Mitch Epstein avec le violoncelliste Erik Friedlander), on invoque que le spectacle des photos n'est pas un festival de musique pour réclamer des sonorisations invisibles, musiques d'ameublement n'influant pas sur la lecture des images. Lors de la Nuit de l'Année aux arènes la surenchère punchy est carrément absurde sauf à vouloir faire passer le remarquable travail des photographes pour une usine à clips, fond illimité d'archives interchangeables où les professionnels n'ont rien à gagner. La quasi totalité des montages proposés par les agences sont écrabouillés par des musiques rentre-dedans. L'épate prime sur la sensibilité et la profondeur des idées véhiculées par les images. Les DJ de la piste centrale diffuse le même genre de musique hypnotique, relents surfers sur le dance floor, rock musclé ou techno dans les quinze alcôves à la scénographie pourtant magique. Celle des expositions pourrait remettre en question l'espace muséographique en général, entre autres par une utilisation intelligente du son, tant les réponses sont conventionnelles dans ce secteur.
Dans tous les cas, célébration huppée des Soirées, grand rendez-vous populaire aux arènes, recueillement des expos, la musique est réduite à meubler le silence plutôt qu'à favoriser l'analyse de ce qui est donné à voir. Si l'illustration redondante est vaine le son pourrait apporter un complément de sens en faisant ressortir les détails cachés ou peu visibles au premier abord. Il agit tel des gros plans, travellings ou panoramiques acoustiques produisant des effets de perspective à la surface des œuvres. Le hors-champ qu'offre l'espace sonore pulvérise le cadre en multipliant les lectures et les interprétations. Au lieu de profiter de ces ressources la sonorisation assène une vacuité qui homogénéise l'ensemble des projets, pourtant aussi divers que possible. Il est probable que cela ne soit pas intentionnel, mais simplement le résultat d'une inculture où le son est relégué à jouer les papiers peints, discrets ou omniprésents. Cette méconnaissance génère une peur qui peut s'avérer légitime si la rencontre des images et des sons n'est pas maîtrisée. Les choix démissionnaires en vigueur sont pourtant définitivement les pires puisqu'ils ignorent absolument les possibilités offertes et aboutissent à un nivellement par le bas tristement homogène qui tient du décervelage.
Vendredi soir la seule installation des arènes où le son était traitée analytiquement, et donc créativement, était paradoxalement celle de Caroline Cartier ! Pas une seule image, un comble, mais un astucieux montage sonore d'extraits radiophoniques qui rappelle nos "radiophonies" inaugurées en 1974 avec le film La nuit du phoque ou plus explicitement Crimes Parfaits, œuvre clef de 1981 qui inspirera maint DJ et adepte du plunderphonics. Par un montage rythmé de courts extraits signifiants le paysage social y prévaut sur le paysage sonore.
La sonorisation des images ne mérite pas d'être aussi rébarbative qu'elle est unanimement pratiquée. Des réponses créatives et sensibles existent, à condition de les confier à des créateurs travaillant librement, en bonne intelligence et complémentarité. Pour ce faire, il ne faut surtout pas craindre les révélations que l'échange pourrait générées. Tout reste à faire, champ d'expérimentation extraordinaire qui redonnerait un nouvel élan à tous les spectacles audiovisuels quels qu'ils soient, photographie ici, cinéma ailleurs.

vendredi 8 juillet 2011

Chris Marker, moires et mémoires


Grande exposition Chris Marker en Arles pour les Rencontres de la Photographie. L'ensemble est à la fois disparate et homogène. À l'entrée, offert à la manipulation des visiteurs sur deux ordinateurs, le monde du cinéaste sur Second Life est aussi profond que le CD-Rom Immemory, mais il souffre des mêmes travers, une interface minimale et rébarbative. À la place de cet espace virtuel, à l'esthétique informatique vieillotte et malhabile, on rêverait d'une scénographie foraine en dur qui nous entraînerait dans les méandres de la pensée, en décors bien réels, avec des chausse-trappes et des miroirs déformants, de fausses perspectives et des passages secrets.
Si le malin faussaire froisse et déplie les visages des femmes, est-ce un ménage de printemps ou un échappatoire à l'inexorable oubli ? Ses clins d'œil aux vieux maîtres sont ceux d'un merveilleux conteur. Les affiches de cinéma jouent des heurts de la mémoire, les photographies des passagères du métro, son travail le plus récent, sont retouchées comme dans un journal de mode ou comparées à des tableaux historiques. Les fantômes prennent la pose à l'insu des modèles. Sommes-nous les enfants du passé ou du futur ? La conjugaison de Chris Marker confond l'un et l'autre. Les visiteurs peuvent se demander s'ils sont bien là ou ailleurs. Quelle heure est-elle ? interroge-t-il. La Jetée avait dressé les ponts. Le totem de postes de télévision est une incantation aux mythes cinématographiques, ces femmes qui hantent les souvenirs d'un homme qui s'est toujours voulu sans visage, du moins pour les autres. Invisible passe-muraille, le cinéaste traverse le temps sans même plus se déplacer, car Chris Marker ne viendra pas. Tout cela est derrière lui. Fatigué par les années des vrais calendriers, l'arpenteur rebelle avance toujours et encore, appâts contés.

jeudi 7 juillet 2011

Le jour et la nuit


Comment choisir ? Le jour ou la nuit ? Sur l'écran géant du Théâtre Antique le jour se découpe comme un drap tendu par les hommes pour entrevoir l'éternité. La lune est véritable, remarquablement accrochée au-dessus de la scène. Le recadrage de Manuel Álvarez Bravo ne durera que quelques secondes. Bien qu'elles soient éphémères les photographies figent un temps et le prolongent. Les ruines d'Arles ont disparu dans l'obscurité du contraste.


La projection figure un mur infranchissable. L'échelle est trop courte. Je n'arrive pas à cadrer comme je le souhaiterais. Plus petit l'astre serait méconnaissable. J'aurais aimé le décrocher et te l'offrir en guise de bienvenue. Les photographies sont des réminiscences pour plus tard. Le révélateur me fait penser à l'absurdité des hommes. Hiroshima pour l'échelle. Entre songes et mensonges l'amant fait son choix. Mais qu'ai-je vu ? Le jour et la nuit. Sur le premier cliché le temps rend les deux mondes incompatibles. Dans le second l'espace nous relègue à notre échelle insignifiante. Le jour et la nuit se complètent, mais nous n'y sommes pour rien.

mercredi 6 juillet 2011

Champ-contrechamp


Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui rira aura une tapette. L'animal totem dessiné par Michel Bouvet qui campe Place de l'Archevêché n'est qu'un prétexte à un champ-contrechamp avec la pianiste Ève Risser. Les Rencontres d'Arles de la Photographie et Gares & Connexions organisent un concours photo de quatre zébus paissant dans les gares de Paris Gare de Lyon, Marseille Saint-Charles, Avignon TGV ou Arles. Intervenants des Soirées, nous n'aurions probablement pas le droit d'y participer si l'idée nous en était venue. Ève Risser et la percussionniste Yuko Oshima, autrement connues sous le nom de Donkey Monkey, accompagneront ce soir au Théâtre Antique le Mano a mano entre les agences VII et Tendance Floue, et j'assure la direction musicale des Soirées qui courent jusqu'à samedi. Duel pour duel, tous se plient à l'exercice, comme le son redessine les images projetées sur l'écran de 9 sur 9 mètres tendu sous les étoiles.


Le champ-contrechamp est plus affaire de cinéaste que de photographe. Dialogue, il ne dévoile pas pour autant le hors-champ que seul le son pourra évoquer sans le montrer. Le contrechamp de la photographie est un homme ou une femme qui appuie sur le déclic. On les reconnaît dans les rues d'Arles comme s'il portait leur appareil autour du cou. C'est pourtant à leur regard qu'ils se démasquent. Une lumière les éclaire de l'intérieur, aiguilles pétillantes d'une noblesse de terrain revendiquée. Le vêtement souvent ample et confortable est l'uniforme de cette profession solitaire. Au centre des pupilles les iris s'arborent comme des décorations. Il faut que ça brille.


Déjà directeur musical des Soirées de 2002 à 2005 j'appréciais le graphiste Michel Bouvet, responsable de toutes les affiches des Rencontres, ignorant qu'il était mon cousin. Nos mères sont cousines germaines. La sienne, Maryse, agrégé de français-latin-grec, m'avait pistonné pour rentrer au Lycée Claude Bernard alors que j'habitais Boulogne-Billancourt. Son grand-père, inspecteur général, le frère du mien, avait contrôlé mon propre prof de français lorsque j'étais en 4ème. Jubilation du gamin. Michel, plus jeune que moi de trois ans, se rappelle de mon prénom et connaît mon travail sans n'avoir jamais fait non plus le rapprochement. Je tiens de ma tante Arlette Martin cette révélation et de mon cousin Serge un arbre généalogique où trouver nos marques. Seuls rebelles de notre génération, les parcours de Michel et moi se ressemblent étonnamment. Nous rions de François Hébel, patron des Rencontres (la nôtre est de taille) et autre ancien de Claude B., qui se voit cerner par la famille !

mardi 5 juillet 2011

Un trio symphonique


Les meilleurs résultats s'acquièrent dans la simplicité. Je ne crois pas à la souffrance. Workaholic passionné, je ne voue un culte qu'au moindre effort pour un effet maximum. Bien préparée, avec un casting aux petits oignons, des musiciens cultivés et généreux, un réalisateur aux intentions claires, la séance s'annonçait prometteuse. Entendre que la préparation peut être laborieuse, mais l'acte de création doit préserver la fraîcheur de l'inspiration. Nous ne devons être freinés ni par la technique ni par une insatisfaction forcément justifiée. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire nous nous installons et nous jouons, comme des enfants. On s'amuse à prendre les tons les plus variés, à changer de rôle, et nos maladresses provoquent l'hilarité générale. À la pause nous nous offrons le luxe de regarder quelques morceaux de Spike Jones sur le petit écran du salon et nous pleurons quand le rire nous submerge. Il y a des évidences dans l'alchimie humaine. Vincent Segal me dit qu'il était certain qu'Antonin-Tri Hoang nous épaterait du haut de ses 22 ans. Nous formons un trio symphonique qui ne me fait pas regretter l'orchestre d'Europe de l'Est évoqué initialement pour enregistrer la musique de ce long métrage. Le violoncelliste et le souffleur sont tantôt les solistes d'un concerto, tantôt ils s'intègrent à la masse orchestrale. Les instruments d'aujourd'hui me permettent de réaliser mon rêve d'enfant, un ensemble virtuel aux bouts des doigts, une palette de timbres inouïs ou totalement référentiels.


En 48 heures nous mettons en boîte quantité de morceaux différents. À de rares exceptions la première prise est la bonne, parce que nous savons pourquoi nous l'exécutons. Le premier jour je m'emberlificote à vouloir délivrer des mixages différents pour chacun. La schizophrénie ne me distrait pas de la musique, mais j'opère quelques ratés comme ne pas avoir vérifié que la machine qui enregistre est lancée ! Cela n'arrive qu'une fois. J'ai si honte que je passerai la nuit à mixer pour vérifier que nous n'avons pas besoin de recommencer quoi que ce soit. Pour de multiples raisons, nous continuerons aux casques, pour mes camarades une oreille sur leur instrument l'autre dans le mix. Je n'ai plus à me préoccuper de technique : ce que j'entends est ce que vous entendrez. Du moins je crois l'entendre, car l'état second que suppose l'interprétation instantanée n'autorise l'écoute critique que plus tard.

Photos : Pierre Oscar Lévy

lundi 4 juillet 2011

Le site de Françoise Romand en tenue d'été


Prévu pour le printemps, la refonte du site de Françoise Romand sort pour les vacances d'été. Entre les textes, les images, les films, la présentation graphique, les délais sont toujours plus longs qu'annoncés. Caroline Capelle avait déjà réalisé la pochette du DVD Gais Gay Games en s'inspirant de la collection dessinée par Claire et Étienne Mineur, elle a cette fois rempoté les petites fleurs d'Appelez-moi Madame pour faire éclore les créations cinématographiques de Françoise. En guise d'engrais, Sophia Milann s'est attelée à la programmation sous le soleil de Guylaine Monnier et Bertrand Gac de Regart.net. Tout n'est pas encore sorti, mais les graines peuvent germer. Un bémol, de taille à mes yeux, le site est en Flash et donc incomplet sur iPad ou iPhone. L'ouverture tombe à pic, Thème Je, cinquième DVD, sortira le 14 septembre, avec projection publique (et gratuite !) au Cin'Hoche de Bagnolet. En attendant, bonnes vacances à celles et ceux qui les prennent enfin ou déjà.

vendredi 1 juillet 2011

R.A.Z.


Chaque nouveau projet exige une remise à zéro du compteur. R.A.Z. est à l'opposé de R.A.S. (rien à signaler) ! Tout doit être pris en compte. Perdre ses habitudes, les bonnes comme les mauvaises. Ne conserver que la méthode, celle de la rigueur. Ne rien laisser au hasard qui ne soit décidé sciemment, ni le détail ni le hasard. Entendre que l'improvisation n'a rien à voir avec le flou artistique. Lorsque le modus operandi est approprié au sujet il ouvre la porte aux états de grâce. Commencer par les besoins de la commande, ses motivations, ses contraintes techniques et humaines, sa cible. Continuer avec les attentes. Que peut-on apporter ? Comment se rendre utile ?
Il s'agit cette fois de composer la musique d'un long métrage documentaire pour Arte. J'ai déjà travaillé avec son réalisateur, Pierre Oscar Lévy, pour le centenaire de L'Europe, un court institutionnel pour L'Oréal et surtout les 23 films d'art de la collection Révélations dont j'étais également le directeur artistique. J'ai proposé au violoncelliste Vincent Segal et à Antonin-Tri Hoang qui jouera clarinette, clarinette basse, saxophone alto et piano, de s'y associer pour créer les ambiances souhaitées. Je dirigerai au clavier un orchestre virtuel quasi symphonique et ajouterai de temps en temps trompette à anche, violon, guimbardes, etc. J'avais déjà enregistré quelques parties orchestrales avec lesquelles dialoguer.
Contrairement à ma démarche "complémentaire" qui rejette les illustrations musicales où l'on souligne au marker fluo les humeurs, nous devons composer avec un film bavard en insistant sur les quatre parties qui le structurent. C'est un portrait politique de la planète, donc bourré d'entretiens et de documents d'archives. La musique dans le mixage étant reléguée à l'arrière-plan, j'ai proposé d'emblée de réaliser du papier peint, musique d'ameublement découpée en lés de 1 à 7 minutes que le réalisateur pourra placer au montage selon ses besoins et en s'en inspirant. Le rythme, déterminant, devrait ajouter souplesse et respiration. Nous enregistrons sans voir le film, en nous basant sur des indications telles que conte de fées, tension, horreur, propositions... La nuit je mixe, ce qui ne me laisse pas beaucoup de temps pour raconter la magie des séances.