Comment choisir ? Le jour ou la nuit ? Sur l'écran géant du Théâtre Antique le jour se découpe comme un drap tendu par les hommes pour entrevoir l'éternité. La lune est véritable, remarquablement accrochée au-dessus de la scène. Le recadrage de Manuel Álvarez Bravo ne durera que quelques secondes. Bien qu'elles soient éphémères les photographies figent un temps et le prolongent. Les ruines d'Arles ont disparu dans l'obscurité du contraste.


La projection figure un mur infranchissable. L'échelle est trop courte. Je n'arrive pas à cadrer comme je le souhaiterais. Plus petit l'astre serait méconnaissable. J'aurais aimé le décrocher et te l'offrir en guise de bienvenue. Les photographies sont des réminiscences pour plus tard. Le révélateur me fait penser à l'absurdité des hommes. Hiroshima pour l'échelle. Entre songes et mensonges l'amant fait son choix. Mais qu'ai-je vu ? Le jour et la nuit. Sur le premier cliché le temps rend les deux mondes incompatibles. Dans le second l'espace nous relègue à notre échelle insignifiante. Le jour et la nuit se complètent, mais nous n'y sommes pour rien.