Hugo Verlinde, le bleu du firmament ! Comment l'entendre alors qu'il évolue dans le silence ? Pour être un bleu nous le sommes tous, artistes ou savants, contemplatifs et simples rêveurs, si loin de toute explication plausible, plus proches de la question sans réponse que d'une science exacte. Mais y en a-t-il une seule qui le soit ? Là où la poésie ne se périme jamais, la science est sans cesse démentie par de nouvelles découvertes. On le voit ces temps-ci avec l'éventuelle remise en cause de la célèbre théorie d'Albert Einstein quelquefois que les neutrinos aient vraiment franchi la vitesse de la lumière entre le CERN et le Gran Sasso. Pour qu'une science résiste au temps qu'elle soit au moins circonlocutoire, comme la musique, fut-elle des sphères ! Hugo Verlinde, comme de nombreux artistes d'aujourd'hui, base son œuvre sur le code tel que les musiciens l'ont toujours pratiqué. Ses élégants algorithmes ne font que quelques lignes, informatique uniquement basée sur les courbes des quatre fonctions sinus, cosinus, exponentielle et logarithme.
Le Vide (photo) de Hugo Verlinde exposé à la Galerie G m'a touché par sa plasticité, un mouvement souple, les nuances du bleu. L'installation se renouvelle sans cesse. D'abord interactive, elle est devenue générative, s'affranchissant d'artifices maladroits et superficiels qui ont longtemps alourdi nombreuses œuvres numériques. Celles qui nécessitent qu'on s'avale un mode d'emploi pour ressentir ou comprendre quoi que ce soit ne m'accrochent pas. Quitte à se plonger dans la lecture, qu'elle advienne seulement ensuite : "La science d’aujourd’hui ouvre une brèche en affirmant que la majeure partie de la matière constituant l’univers est manquante. Cette matière demeure invisible à nos yeux comme à nos télescopes. En vérité, le vide nous réserve encore bien des surprises. Les mots eux-mêmes semblent pointer dans cette direction : dans le vide il y a la vie, dans le vi(d)e, il y a la vie." Mon interprétation n'en est pas affectée. Préférer l'analyse post-visite à la littérature conceptuelle anticipante qui tient lieu de béquilles aux œuvres bancales.
Verlinde expose aussi Verticales au Cube pour les 10 ans du Cube, ainsi que Alcyone, Ether, Carré magique, Univers-îles et Totalité à la Galerie du Buisson. Enfin Lowave distribue le DVD Cosmogonies.
Lecteur de Stephen Hawking et Jean Audouze, la voûte céleste m'attire irrésistiblement, le firmament me donnant le vertige en faisant exploser mes propres codes.