Va et vient entre l'image et le son. À l'écoute de ce que nous jouons, Jacques Perconte traite son film en direct. Nous improvisons en fonction de ce que nous voyons, nageant dans les pixels qui explosent sur l'écran comme il se barbouille des notes qui le bombardent, là haut, perché au milieu du public. Au premier rang sous l'écran, Vincent Segal au violoncelle, Antonin-Tri Hoang au sax alto et à la clarinette basse, et moi accroupi sous mon clavier. On plane. Ne saisissant que des bribes au dessus de ma tête, une sorte de partition des sens regardée du coin de l'œil, j'espère découvrir tout le spectacle à la projection de ce qui fut filmé depuis la salle le 18 novembre au Théâtre Berthelot à Montreuil.


Le projet est excitant. Jacques a commencé à bricoler une page Internet pour vendre Dépaysages, pour le faire voyager. Les images ont toutes été tournées à Madère. La prochaine fois, nous n'irons pas si loin. Nous ne serons que tous les deux pour la performance I.R.L. au Centre Mercœur le 15 décembre (4 rue Mercœur, Paris 11e).


J'ai sélectionné quatre captures écran parmi les cent vingt photos que Jacques a postées sous Flickr. Une route. Un enfant au bord de la mer. La couleur. Et puis une fleur qu'on dirait séchée ou brûlée. J'ai choisi sans réfléchir. Mais c'est un portrait chinois que j'ai inconsciemment dessiné.


J'ai du mal à écrire. Ce matin à 10h30 au crématorium du Père Lachaise, un hommage est rendu à Jean-Patrick Lebel. J'aimais le timbre de sa voix, sa petite musique, son sourire laissant percer quelques savoureuses arrière-pensées... Un bon mot sortait toujours de ses lèvres comme s'il y tenait une fleur pincée.