Quels que soient l'endroit et l'époque il est absurde de se cantonner au circuit resto-théâtre-hôtel sans ne rien voir de la ville où nous jouons. Certains camarades ne connaissent de Tokyo ou Montréal que leurs aéroports et leurs autoroutes. Entre la balance et le spectacle nous filons donc sur le Cours Mirabeau voir les platanes en pyjama de Yayoi Kusama, auteure d'installations friandises dans lesquelles nous nous sommes plus d'une fois immergés dans le passé. Les champignons hallucinogènes de l'octogénaire japonaise nous mirent en condition pour aborder les délires plastiques de Nicolas Clauss auxquels Sylvain Kassap et moi-même donnions la réplique pour Seconde Nature à Aix-en-Provence. Si la performance audiovisuelle sur trois écrans était difficilement filmable on pourra bientôt profiter de sa partition sonore sous la forme du 43ème album virtuel offert par le site drame.org. Entre deux calissons, car il ne faut pas non plus négliger les spécialités du cru, nous eûmes le temps d'aller visiter l'exposition d'une seconde et brillante octogénaire, Agnès Varda, consacrée aux bouches du Rhône dans le cadre de Marseille 2013.


La réalisatrice a accroché des portraits de groupes de différentes villes du département en jouant sur les mots. Telles ces bouches écloses sur le fleuve. La plus mignonne des installations est une photo prise par Agnès sur le toit de la Cité Radieuse en 1956 lorsqu'elle n'était que photographe, précédée et suivie d'une mise en scène de l'action supposée des personnages. Grosse équipe, travelling, décor reconstitué à Sète, comédiens pour rejouer en vidéo un imaginaire documenteur tel qu'elle les affectionne.