Fondé en 2002, Das Kapital est dans la lignée d'Albert Ayler et du Liberation Music Orchestra. En bon Nordique le guitariste danois Hasse Poulsen joue la ligne claire tandis que le saxophoniste allemand Daniel Erdmann rappelle que les Anglo-saxons produisent un son chaud en restant sur la réserve. Le batteur nantais Edward Perraud est l'artificier de ce trio virtuose qui interprète nombre de chansons sans paroles. Leurs deux premiers albums, Ballads & Barricades en 2009 et Conflicts & Conclusions en 2011, sont consacrés au compositeur Hanns Eisler, élève de Schönberg passé à Hollywood avant de revenir en Allemagne de l'Est, chaque fois en bisbille avec la politique locale. Le troisième, Das Kapital Loves Christmas en 2012, est une compilation de chants de Noël où Karl Marx porte le bonnet rouge de Coca Cola. La variété et la fantaisie des compositions leur permettent de s'échapper plus facilement de la partition, en particulier rythmiquement, et Erdmann ajoute cette fois le soprano quand la gravité épique d'Eisler ne réclamait que le ténor. Quelle que soit leur inspiration la musique de Das Kapital est aussi lyrique qu'énergique. On se prête à imaginer une extension du trio à un ensemble plus important, voire un grand orchestre qui renouvellerait les timbres, même si l'équilibre actuel est tout à fait remarquable. Aussitôt dit, aussitôt fait, je lis qu'un orchestre d'harmonie de 100 musiciens les seconde à Gand sur Eisler ! Ils sont déjà ailleurs, préparant pour le printemps un nouveau spectacle d'après les compositions de Wayne Shorter... (dist. L'autre Distribution)