J'ai raté l'entrée en scène d'André Minvielle avec le panneau "La grève, point G du rêve" suivie de la lecture intégrale du remarquable texte d'Edwy Plenel sur le modèle du statut des intermittents qu'en firent avec lui Babx et Thomas de Pourquery. Dans le foyer du Theâtre Sorano un couillon hurle pour se faire rembourser. Dans la salle le public venu assister à l'Hommage à Claude Nougaro concocté par le trio est partagé. Raison de plus pour prendre le temps d'expliquer pourquoi il est si important de défendre cette lutte qui préfigure ce qui nous attend avec le honteux et catastrophique Traité Transatlantique.


J'ai raté ça, mais pas le concert. Avec Hélène Sage venue m'écouter évoquer les rapports de la poésie et de la musique chez Michel Houellebecq sur le plateau de France Culture dressé dans l'église Saint-Pierre des Cuisines, nous avons enfourché deux velibs pour rejoindre cet autre événement du Marathon des Mots organisé à Toulouse. Le direct où Marianne Denicourt avait su insuffler leur rythme aux alexandrins sensibles du poète m'avait donné des ailes. J'avais reconnu chez elle la musique d'Établissement d'un ciel d'alternance que Houellebecq avait enveloppé de sa voix chaude et envoûtante. Rien à voir avec les tentatives de les transformer en chansonnettes pour midinets.

Au Sorano, Babx au piano, Dédé Minvielle à la percussion, Thomas de Pourquery au sax alto ont donc choisi la veine rose de Nougaro, la couleur de Toulouse qu'ils ont rougie au feu de l'actualité. La révolte n'a jamais quitté celui qu'ils surent s'approprier, évitant de sombrer dans une adaptation trop révérencieuse. À bout de souffle chanté dans le noir a capella, Paris mai mixé avec Locomotive d'or, la Dépêche du Midi lue en diagonale, le jazz rencontrant la java, les trois gars étaient faits pour cela. Et Dédé de souffler dans sa varinette ou une drôle de bouteille comme Thomas dans son bec lyrique, et Babx de plaquer ses accords dans cette merveilleuse mêlée.

Photo n°2 © Hélène Sage