Quelle drôle d'idée nous a pris de revoir le film de Joel et Ethan Coen de 1996 après avoir regardé la série qui s'en inspire et dont les deux frères sont producteurs exécutifs ? L'adaptation en série réalisée par Noah Hawley est beaucoup plus excitante que l'original, poussant plus loin l'humour et le délire. Ici et là on reconnaît des points de concordance et les références abondent autant que les clins d'œil à maints autres films. Les paysages enneigés du Minnesota sont plus blancs et plus froids, le scénario plus déjanté, les surprises plus nombreuses d'autant que les dix épisodes constituent un très long métrage de neuf heures dont on comprend qu'il commence là ou se terminait celui des frères Coen. La seconde saison se passerait huit ans encore avant avec de nouveaux personnages sur le même principe que True Detective, l'autre série américaine dont la qualité aura marqué l'année.


Au début de chaque épisode le générique se déroule sur des images différentes, mais avec le même texte en transparence, le même que celui des frères Coen : "Ceci est une histoire vraie. Les évènements décrits eurent lieu au Minnesota en 2006. À la demande des survivants les noms ont été modifiés. Sans aucun respect pour les morts, le reste est raconté exactement comme cela s'est passé." Tous les artifices sont évidemment autorisés par la fiction, si abracadabrante que l'humour tinte l'hémoglobine d'une couleur inédite que l'on aura peine à décrire. Les personnages féminins sont beaucoup plus présents et intéressants que dans la version d'il y a dix huit ans avec la shérif interprétée par Allison Tolman aussi maline que les machos sont déconcertants d'idiotie. Le flegme énigmatique de Billy Bob Thornton répond à la fébrilité nerveuse et maladroite de Martin Freeman et tous les comédiens sont formidables. L'absurdité des situations nous rapproche parfois de Lynch, mais Noah Hawley réussit à trouver un ton personnel qui sied parfaitement à cette comédie noire.