Dans tout ce que je fabrique j'aime être utile. Utile aux projets dont je ne suis qu'un maillon, fut-il celui d'organisateur, contributeur essentiel ou cinquième roue du carrosse. Utile si mes amis me sollicitent comme j'apprécie qu'ils le fassent à mon égard. Utile même si les machines que je construis ne servent souvent à rien d'autre qu'à rendre la vie plus agréable ou d'y tendre. Utile comme la chanson qu'Étienne Roda-Gil avait écrite pour Julien Clerc.
Pas d'état d'âme lorsque je dois composer de la musique appliquée à un projet qui n'a rien à voir avec mes aspirations si je peux arranger les choses en apportant ma complémentarité. J'ai le même plaisir à créer des œuvres personnelles ou à faire la vaisselle pour de l'alimentaire. La résistance des matériaux et les complications humaines peuvent arriver de n'importe quel côté, sauf que les miennes sont moins prévisibles que les lubies de certains clients dont le goût est l'unique critère et son énoncé quasi abstrait. J'ai eu récemment à comprendre ce que signifiaient l'électronique botanique, le punchy sans basses ni batterie, la musique qui fait sourire et d'autres demandes que j'aurais préférées plus précises ! Il est compliqué d'expliquer à huit décideurs qu'ils ne pourront jamais faire l'unanimité sur une musique. On finit toujours par s'en sortir avec le risque qu'Étienne Auger avait formulé ainsi : "Au début on donne le meilleur de soi-même et au final on a le pire des autres."
Quel que soit le résultat je suis toujours heureux d'avoir trouvé la solution qui convienne, qu'elle soit appropriée au projet ou à la demande fantasmatique de mes interlocuteurs. Le participe passé est de rigueur, car l'on passe parfois par des moments de découragement qui vous laisseraient penser que l'on ne connaît rien à son affaire ! On est fragiles, n'est-ce pas ?