Sur la platine tournaient déjà les albums Older de Yael Naim, 69 battements par minute de Claire Diterzi, celui d'Ibeyi, The Way de Macy Gray, et puis Michel Musseau me conseille d'écouter Modern Ruin de Kyrie Kristmanson, et comme je l'en remercie il en ajoute un autre de déjà douze ans d'âge, Exile de Sidsel Endresen, deux petites merveilles.
Les chansons pop de Yael Naim composées avec David Donatien (ici live) passent et repassent avec une évidence surprenante. Sur Irma la chanteuse Leyla Mac Calla, au violoncelle et au banjo, rejoint Yael Naim qui tient le glockenspiel, mais l'émotion la plus forte s'exprime probablement sur le très Bachien Coward avec les chœurs des 3SomeSisters. La variété n'étant pas mon fort, je ne l'avais pas entendue avant l'album Around Robert Wyatt de l'ONJ où elle interprète Just As You Are avec Arno et Guillaume Poncelet au banjo, et Shipbuilding dont Antonin-Tri Hoang est le soliste au sax alto. Son cheveu sur la langue produit justement le même effet de fragilité que pour Robert Wyatt !


Claire Diterzi est trop personnelle pour emporter tous les suffrages à la première écoute. C'est pourtant probablement l'auteure-compositrice-interprète-multi-instrumentiste la plus originale de sa génération, la plus complète certainement (N.B. : Camille ne cumule pas tous ces postes). Son dernier album est le meilleur depuis son chef d'œuvre Tableaux de chasse. Six textes sont cette fois signés du dramaturge argentin Rodrigo Garcia, provocateur avec ses hauts et ses bas. Diterzi a toujours soigné le spectacle, consciente de l'importance de l'image chez une artiste. Aux seize chansons de l'album doivent correspondre seize clips-vidéo. Dans celui de Infiniment petit le géant est joué par Denis Lavant !


Je ne m'attarde pas sur Ibeyi, duo franco-cubain composé des sœurs jumelles Lisa-Kaindé et Naomi Diaz, ni sur le dernier album de Macy Gray aussi chouette que ses précédents, voix enrouée aussi craquante que Billie Holiday, parce que d'un côté le soleil me fait de l'œil et de l'autre le boulot arrive via WeTransfer...


Modern Ruin de la chanteuse et compositrice canadienne Kyrie Kristmanson est façonné par Clément Ducol, le compagnon de Camille à la vie comme à la scène. Il a choisi l'excellent Quatuor Voce pour l'accompagner sur ces chansons d'amour écrites par des femmes troubadours du Moyen-Âge. Sa connaissance de la musique contemporaine lui permet de faire sortir des cordes les coups les plus ressassés pour envoyer des timbres étonnants sans mettre de gants. La transversalité des genres envahit la variété avec bonheur.


Enregistré en 1993 chez ECM, Exile est le plus beau disque de la chanteuse norvégienne Sidsel Endresen avec Nils Petter Molvær à la trompette, Django Bates au piano et au cor, Jens Bugge Wesseltoft aux claviers, David Darling au violoncelle et le percussionniste Jon Christensen. L'album s'ouvre au fur et à mesure que l'on avance dans le temps. Depuis, elle continue de flâner entre jazz, musique improvisée et musique électronique.
De plus en plus d'artistes femmes écrivent ou composent leur propre répertoire. Peut-être le faisaient-elles déjà dans le passé, mais dans la clandestinité du machisme tenace elles restaient dans l'ombre, ou plutôt sur le devant de la scène en proie au désir du public.