Depuis un mois j'ai eu recours plusieurs fois à Uber pour me déplacer. C'est un système de taxi dérégularisé qui concurrence redoutablement les taxis traditionnels. Il suffit de télécharger l'application sur son smartphone, donner son numéro de carte bleue une fois pour toutes et le tour est joué. À l'allumage l'appli vous localise et inscrit à combien de temps est la première voiture disponible. On commande. Le chauffeur est instantanément joignable par SMS ou téléphone. Vous pouvez suivre sa progression sur le plan. Il vous appelle lorsqu'il est à proximité. Le compteur ne fonctionne qu'à la prise en charge. Rien à payer sur le moment. Inutile d'avoir le moindre sou en poche ou de carte de paiement. Vous recevez la note sur votre mail ou sur l'appli dans les quelques minutes qui suivent.
Il existe différentes formules : UberX est un peu en dessous du tarif des taxis traditionnels, mais UberPop qui permet à des non-professionnels d'arrondir leur fin de mois est à moitié prix ! Uber Pool permet de partager une voiture, Berline et Van correspondent à des véhicules spécialisés. Contrairement à notre expérience avec les taxis appelés à une borne qui n'arrivent jamais et vous font manquer votre train, aux grandes compagnies qui surtaxent en venant de loin, à l'attente délirante à la sortie de l'aéroport, au refus d'être pris en charge parce que le trajet est trop court ou que ce n'est pas le leur, à la saleté et à la puanteur de certains habitacles, à l'arnaque dont ont été victimes certains amis étrangers qui ont fait du tourisme involontaire, à la rudesse de certains chauffeurs, l'expérience s'est avérée enthousiasmante. Une seule fois la conductrice semblait si novice que nous avons été transformés en moniteurs d'auto-école ! Quant aux cinq questions que pose le Figaro elles méritent réponses : Quel degré de formation du chauffeur ? Si je me réfère à mon expérience des taxis en général je ne vois hélas pas de différence. Quelles preuves de sa sobriété, de son sérieux, de ses «intentions», etc. ? Pour l'instant Uber est beaucoup plus rassurant et probant, on aurait même l'impression d'être un VIP. Quel degré d'entretien de son véhicule par opposition aux taxis et VTC ? Ici encore il n'y a pas photo, propreté exemplaire sur laquelle les taxis parisiens feraient bien de prendre modèle. Quelle couverture en termes d'assurance ? Je ne sais pas répondre à celle-ci, j'imagine qu'en tant que personnes transportées on est couverts... Comment éviter ce type de taxi clandestin hors toute déclaration contrôlable ? Là repose toute la problématique...
Plutôt que d'attaquer Uber qui court-circuite le système frauduleux de la licence monopoliste ne vaudrait-il pas mieux en profiter pour remettre à plat un mode scandaleux qui remonte au début du siècle dernier ? La responsabilité de l'État est entière. Une licence parisienne coûtant actuellement 240 000 euros et se repassant comme une charge de notaire, on comprend la colère des taxis. À noter que la plupart ne peuvent être indépendants, et sont salariés ou franchisés de sociétés qui les exploitent autant, si ce n'est plus, que les 20% de commission d'Uber (le groupe G7 affilie près de 11 000 des 17 000 taxis parisiens !). Cela me rappelle les critiques de certains graphistes reprochant son pouvoir à la Sacem au lieu de prendre modèle sur les musiciens pour défendre leur corporation. L'État limite également de manière absurde le nombre des taxis. À New York où il suffit de lever le bras pour obtenir un taxi jaune on peut constater que les problèmes de circulation liés aux véhicules individuels peuvent être réglés par le nombre de taxis et leur tarif, mis à part le réseau de transport collectif qui fonctionne là-bas 24 heures sur 24.
Quant aux attaques contre les dirigeants d'Uber qui délocalisent leurs profits pour ne pas payer d'impôts en France elles sont justifiées, mais elles concernent l'ultralibéralisme qui profite au capital sur le dos des citoyens et des états. Si l'on veut qu'Amazon, Google, Apple ou nombreuses sociétés et individus cessent de profiter des paradis fiscaux c'est un autre combat, autrement plus grave et plus sérieux que la guerre des taxis. Celui-ci nous verra prendre la rue et nous le ferons à pied !