Tous les amis avaient insisté pour que nous allions visiter l'exposition Paul Klee au centre Pompidou. Tous répétaient que la variété des œuvres était époustouflante, et ils avaient raison. Nous avions beau penser connaître son œuvre, nous n'imaginions pas qu'elle fut aussi riche et variée. Nous sommes revenus comme eux avec les yeux comme deux ronds de flan.
Klee est d'abord étonnant parce qu'il évolue avec le temps. Il n'est jamais figé, parce qu'il précise son art à chaque étape de sa vie. De ses débuts satiriques à ses dernières années critiques où il est très malade et où le nazisme l'obsède, il affine sa peinture, la rendant toujours plus personnelle. Il prend chaque fois de la distance. Sa seconde qualité est l'écoute de son temps. Il n'a pas besoin de se protéger dans quelque tour d'ivoire, car il sait ce qu'il veut, mais il écoute. Il écoute les cubistes, les dadaïstes, les constructivistes, les surréalistes, Picasso, mais il s'imprègne aussi de l'Égypte ancienne, des peintures rupestres et des dessins d'enfants, sans qu'aucune période de son travail soit clairement identifiable. La musique, qu'il aime passionnément, n'est pas seulement celle qu'il écoute, sa curiosité s'exerçant de mille manières.


Il faut au moins deux temps pour découvrir un tableau de Klee, d'abord de loin, puis en se rapprochant. Les détails racontent une autre histoire. Ce sont des tableaux-pièges. Cette dialectique se retrouve partout dans son œuvre, loin/près, abstraction/figuration, maîtrise/abandon, tendresse/ironie, etc. Comme chez tous les transgressifs son humour est sévère. Il découpe ses toiles pour en faire plusieurs. Se moque des machines et des marionnettes qui les anime. Il les aime tout autant. C'est un romantique désillusionné qui se joue de société. La scénographie de l'exposition rappelle ce labyrinthe où il nous enferme pour nous apprendre à en sortir.

→ Exposition Paul Klee, l'ironie à l'œuvre au centre Pompidou jusqu'au 1er août 2016 (attention c'est bientôt fini !)

P.S.:


Promenade dans l'expo par Peter Gabor !