L'album Aegn de Marc Buronfosse a beau être marqué du sceau grec, enregistré sur l'île de Paros avec le trompettiste Andreas Polyzogopoulos et le claviériste Stéphane Tsapis, il flirte avec un jazz cosmique plus nordique que méditerranéen. Transe aussi envoûtante qu'entraînante, la musique du quintet survole des paysages naturels où l'électronique trace des couloirs aériens, soutenue par la rythmique du batteur Arnaud Biscay et Buronfosse qui a troqué sa contrebasse pour une Fender VI. La guitare électrique de Marc-Antoine Perrio accentue les tenues planantes qui ne perdent jamais de vue la pulsation.
J'ai eu un peu de mal à trouver le nom du bassiste Rex Horandu et du batteur Evan Jenkins du Neil Cowley Trio dont le moteur est le pianiste anglais. Ce sont pourtant ses acolytes habituels. De plus, le guitariste Leo Abrahams les rejoint sur l'album Spacebound Apes pour former un carré. Très écrite, la musique tire parfois sur le rock progressif, l'ambient ou la pop. Elle ne les atteint heureusement jamais, protégée par un concept original puisqu'il s'agit de la bande-son d'une nouvelle littéraire, Lincoln. Ainsi les ambiances sont extrêmement variées, mélodies minimalistes ou plages étales, mais les coups francs viennent toujours ponctuer l'action. L'électronique, comme pour le disque de Buronfosse, élargit la palette des instrumentistes. Là comme ici, le style s'échappe des sentiers formatés pour accoucher d'une musique au service d'un propos plutôt qu'elle ne flatte des egos bavards. Le livret ferait-il son come back ? Que ce soit en musique comme en danse, il serait en effet grand temps que les artistes s'inspirent d'autres formes d'expression que les leurs, et ce avec du solide !

→ Marc Buronfosse, Aegn, Abalone Productions, dist. L'autre distribution, 14,25€
→ Neil Cowley Trio, Spacebound Apes, autoproduction, sortie le 16 septembre, 12,85€