N'étant pas fan en général des trios piano-basse-batterie, je suis très agréablement surpris par le nouvel album de Roberto Negro, Garibaldi Plop. Il y a évidemment d'autres exceptions comme le Money Jungle d'Ellington, Mingus, Roach, qui me vient le premier à l'esprit. Adorant les coq-à-l'âne, je suis comblé : on passe de quelques notes égrainées à des cascades dignes de Conlon Nancarrow, d'une simplicité à la Satie à des emballements que ne renierait pas Charlemagne Palestine, de la musique classique du début du XXe siècle à des citations jazz. C'est monté cut en direct comme j'adore pratiquer les ellipses dans ma propre musique. On traverse les époques et les continents à la vitesse de la lumière. Garibaldi Plop n'est-il pas déjà un mot-valise ? Référence au révolutionnaire héros des deux-mondes et au son du bouchon de liège ! Ne vous étonnez donc pas d'entendre Maurice Chevalier gratter sur le pick-up la Marche de Ménilmontant et le trio lui tordre le cou ! Pas de basse ici, mais Valentin Ceccaldi au violoncelle et Sylvain Darrifourcq à la batterie, délicats accompagnateurs collant des laies de papier peint aux motifs changeants derrière le piano, ravi d'enchaîner pointes, chassés, jetés et autres cabrioles à la manière d'un danseur étoile. Dédié à son père, à ceux qui sont tombés et ceux restés debout, le disque rassemble des titres rebondissants comme des semelles en caoutchouc, évoquant l'ivresse ou des mets simples, et honorant la mémoire des anciens, particulièrement ces Italiens, en photo sur la pochette, qui ont décidé de rejoindre la Résistance à partir de 1943 pour combattre aux côtés des Alliés.

Roberto Negro, Garibaldi Plop, CD Tricollectif, dist. L'autre distribution, 16€
→ concert de sorties de cet album et de Harvest de Guillaume Aknine, Jean-Brice Godet, Jean Dousteyssier (hommage à Neil Young), jeudi 9 février au Studio de l'Ermitage